Animaux de compagnie : “Limiter les achats impulsifs pour réduire les abandons” [par Thierry Masdéu]

N’achetez pas, adoptez ! Un slogan qui, à l’approche des fêtes de Noël, prend plus que jamais des allures de cri d’alarme pour les représentants de l’association “Un Gîte une Gamelle”. Refuge pour animaux basé sur la commune de Rivesaltes qui recueille chiens et chats victimes d’abandons ou de cessions, mais aussi de maltraitances…

Cette arche, qui ouvrira prochainement un second point d’accueil sur la commune de Pollestres, témoigne du besoin grandissant pour faire face aux abandons. Une tendance nationale qui s’est fortement accentuée depuis deux ans et qui met à mal les services de fourrière, amplifie les euthanasies et sature les refuges. “En ce moment, on vit une situation que l’on n’a jamais connue auparavant. Et il n’est pas rare que je reçoive quotidiennement un ou deux appels téléphoniques pour de telles demandes. Sans compter que parfois, des personnes incognito se déchargent de leur animal en le déposant devant notre portail” constate amèrement Corinne Legrand, présidente et fondatrice de ce refuge créé en 2011. “Maintenant, les gens abandonnent leurs animaux sans état d’âme, comme si cela était naturel !”

Catherine Heudier, soigneuse, entourée de chiots anglo-français.

Un comportement qu’elle attribue au contexte anxiogène de la vie actuelle, mais en majeure partie aux conséquences post-Covid. “Vestige” d’un laisser-passer pour les sorties durant le confinement pour certains, “prétexte” de compagnie pour les plus isolés qui serait, après coup, devenu encombrant ? Toujours est-il que la crise sanitaire a favorisé l’acquisition d’animaux de compagnies, majoritairement des canidés plutôt que des félins… Avec son lot de désillusions des lendemains. “Durant cette période, le chien a eu sa place dans son nouveau foyer, il a été choyé, mais, du jour au lendemain, quand l’activité normale a repris son cours, la situation a basculé. Seul, enfermé durant de longues heures, le chien a « pété un câble », avec ce que cela peut engendrer dans un intérieur restreint : destructions diverses, troubles du voisinage avec les aboiements, etc !” souligne la présidente, qui milite pour ces raisons contre l’achat massif d’animaux dans les élevages ou animaleries, évoquant le caractère essentiellement mercantile et non préventif au regard futur du bien-être de l’animal.

Accueil, pension, nouveau départ…

Une situation qui pourrait remettre d’actualité la proposition de loi, déposée en 2020 par plusieurs députés du parti de la présidence, concernant la mise en place d’un permis de détention d’un animal de compagnie. Accréditation inspirée de l’exemple belge en Wallonie où, depuis le 1er juillet 2022, cela est devenu une obligation. Limiter les achats impulsifs pour réduire les abandons. D’autant que, contrairement aux idées reçues, la période la plus néfaste de l’année n’est pas à l’approche des grandes vacances de l’été, mais plutôt l’après Noël. Responsabiliser les acheteurs ou futurs maîtres, mais aussi leur venir en aide en cas d’accidents fortuits de la vie ou d’absences prolongées suite à une hospitalisation ou départ en vacances.

Les retrouvailles de Noa le chien avec sa maîtresse Corinne Marbaque, en compagnie de Corinne Legrand et du soigneur
Jean-Michel Daubert.

C’est en tout cas sur ces deux derniers points que l’association “Un Gîte une Gamelle” s’efforce de communiquer pour faire connaître son service de pensionnat. Une solution concrète pour prévenir l’abandon, que pratique depuis cinq ans Jean-Pierre Kerma, venu récupérer après un retour de congés ses deux beagles, Bigsky le mâle et Lady la femelle, ou encore Corinne Marbaque avec Noa, un dog croisé american staff. “C’est la troisième fois que je leur confie mon chien. C’est pour moi une sécurité. Je pars en vacances la tête bien posée sur mes épaules, en me disant que mon chien sera très bien traité ici !” Une activité en parallèle, mais qui, économiquement, ne permet pas le fonctionnement du refuge qui subsiste essentiellement à l’aide de dons.

“Nous percevons à l’année une subvention de 12 000 € de Perpignan Métropole Méditerranée et la somme de nos dépenses représentent une moyenne de 5 000 € à 6 000 € par mois !” précise Corinne Legrand, évoquant les campagnes permanentes sur les réseaux sociaux pour solliciter la générosité des donateurs. “Sans l’aide de ces personnes-là, il nous serait impossible de continuer notre action. C’est vital pour subvenir aux besoins d’alimentation et surtout aux soins et traitements vétérinaires qui ont fortement augmenté !” Des cagnottes permettant de préserver toute l’attention à la quarantaine de chiens et autant de chats qui, actuellement, patientent avec l’espoir d’un nouveau départ vers de nouvelles familles d’accueil. Et comme le rappelait à juste titre la présidente : “La personne qui adopte un animal de compagnie dans un refuge en sauve deux, celui-là même, mais également celui que la fourrière va épargner de l’euthanasie et qui va le remplacer au refuge…”

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