Adieu Rémi

Il était comme ça, un peu grande gueule, un peu facétieux, un peu excessif parfois. Mais quand il se levait pour prendre la parole, allez donc savoir pourquoi, du microcosme politicien aux services de l’Etat en passant par tout ce que l’agriculture compte comme responsabilités, tout le monde se taisait et l’écoutait. Peut-être car il ne se perdait pas en circonvolutions inutiles. Peut-être car il a toujours préféré la franchise des paroles aux futilités du protocole. Arboriculteur sur Ille et Corbère, ce grand gaillard, tout autant atypique que charismatique, était aux premières loges en tant que président du Syndicat fruits lors de l’interpellation mouvementée, en septembre 1999, de Christian Soler. Pendant 69 jours, il se consacra avec une détermination admirable à la défense de l’arboriculteur incarcéré. De cette soirée désastreuse où l’assaut inouï des forces de police siffla la fin du syndicalisme agricole tel que nous l’avons connu dans les P-O, à la libération de Christian, en passant par les grilles du tribunal où les paysans s’enchaînaient à tour de rôle et jusqu’au jugement où nous avons dû comparaître avec Remi et Dominique, certaines images resteront gravées à jamais dans l’histoire agricole de ce département. Dans les années qui suivirent, nous nous sommes revus quelque fois dans une salle de réunion ou derrière quelques dernières palettes « malencontreusement » tombées des camions. En remontant la 116, quand je revenais depuis l’Aubrac sur Escaro, je me disais qu’il faudrait sortir à Ille pour passer le saluer, se souvenir encore un peu, discuter… Et puis il y eut ce coup de fil d’Hervé, jeudi dernier.

Voilà, celui-là s’appelait Remi Pascot. Parti trop tôt, beaucoup trop tôt, il était de ceux qui ne plaisantent pas avec la défense et la dignité des paysans. Où qu’il soit désormais que grâce lui soit rendue. Respect.

J-P Pelras

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