Vignerons indépendants : on n’est pas sorti de l’auberge ! [par Yann Kerveno]
Les vendanges terminées Jean-Marie Fabre a repris le chemin de Paris avec de nouvelles inquiétudes qu’il tente de partager avec le gouvernement et les ministères.
“Ce n’est pas parce que l’embellie fut assez belle cet été que la crise est passée” explique le patron des Vignerons Indépendants de France. “Les zones touristiques ont connu une belle affluence cette année pendant la période estivale, par contre, Paris et les grandes villes en général ont été désertées. Les ventes de vins y sont en recul de 90 % !” détaille-t-il. “Et sur la côte, depuis la mi-septembre, tout s’est arrêté, il n’y a pas de tourisme d’arrière-saison comme habituellement, la clientèle étrangère n’est pas là”. Du côté de l’export la situation n’est pas folichonne non plus, “les flux sont peut-être à 50 % de ce qu’ils sont habituellement pour le moment.”
Et pour les mois qui viennent, rien de bien riant non plus. “Il y a la question des salons, professionnels ou grand public. Pour les salons professionnels, nous allons d’annulation en annulation et je ne vois pas comment aujourd’hui Wine Paris ou Prowein pourraient se tenir au début de l’année prochaine. Pour les salons grand public, l’abaissement de la jauge à 1 000 personnes au lieu de 5 000, en dépit de tous les efforts qui ont été faits pour mettre en place les règles de distanciation sociale, rend l’exercice économiquement intenable… Ces salons, cela représente 50 millions d’euros de chiffre d’affaires pour nos entreprises et on les interdit alors qu’on peut s’entasser dans le métro, passer cinq heures dans un TGV ou aller dans les grandes surfaces” fait-il remarquer.
Mesures spécifiques
“Finalement, ce n’est pas tellement la petite récolte qui nous inquiète aujourd’hui, mais bien la situation du commerce du vin. Et les nouvelles mesures annoncées, la fermeture des restaurants et des bars dans certaines villes vont venir rétrécir encore nos marchés.” Il appelle donc le gouvernement à ne pas oublier la viticulture dans le plan de relance et à la mise en place de mesures spécifiques pour les vignerons indépendants, en rappelant que le secteur pèse 700 000 emplois dans le pays.
“Nos entreprises ont perdu 62 % de leur chiffre d’affaires durant les trois mois du printemps, on voit les salons s’annuler, l’export à demi-vitesse, les restaurants qui ferment, les reports de cotisations du printemps qui sont aujourd’hui appelées alors que nos entreprises ont mobilisé tous les dispositifs possibles et surtout toute leur trésorerie pour tenir jusque-là.” Après être passé au ministère de l’Économie, il espère obtenir rapidement un rendez-vous à Matignon.