Un p’tit air de Blues [par Karo et Didoo]

Tout d’abord merci pour l’intérêt, comme en témoigne votre fréquentation sur le site du journal, porté à notre précédente chronique. Prolongeons donc cet itinéraire en évoquant un genre musical qui distille ses notes bleues depuis le début du siècle dernier avec des chants “Negro Spiritual”. Lesquels se développaient alors dans les réunions religieuses. Ainsi “naquit le blues”, les deux influences étant très semblables et peu différenciables. Il s’opère au cours du temps un glissement du champ religieux vers les chansons de travail afro-américaines propres aux ouvriers, aux dockers, aux hommes à tout faire ou aux esclaves. Pour le blues comme pour toutes les autres musiques sudistes américaines, il y a un fond commun vaste et puissant qui constitue le socle de la culture sudiste, noire, blanche ou même amérindienne. Vouloir sortir tel élément plutôt que tel autre peut se révéler réducteur et fallacieux.

Il donne naissance à d’autres mouvements : le jazz dans ses premières formes apparait à la Nouvelle-Orléans et à Saint-Louis en 1910 et se propage dans les communautés afro-américaines en passant par le ragtime. La musique soul (celle de l’âme) a, elle aussi, des origines populaires afro-américaines, elle émerge à la fin des années 50 directement du gospel et du “rythm and blues”, entre autres, se considérant comme un retour aux racines dont elle est issue. Quant au  R’n’B contemporain, c’est aussi un de ses enfants qui, lui, est passé par le hip-hop et le funk. Après avoir démarré dans les années 80, il prend de l’ampleur pendant les années 90 et devient prédominant depuis les années 2000. Cette chronologie simple nous permet de remarquer que pratiquement toute la musique que l’on entend sur les ondes vient de là… Elle vient de là, elle vient du blues.

Le blues, ce sont les idées noires, la tristesse, la mélancolie, les déboires de la vie, c’est une complainte, une lamentation, une chanson à la première personne pour raconter son histoire, dont la noirceur est compensée par la mélodie et par l’humour. Cette ambiance particulière, cette intonation “Blue notes” (notes bleues) est due à un mélange de tierce, souvent mineure, de quarte augmentée / quinte diminuée, et de septième mineure (ça, c’est pour les puristes).
Nous nous sommes demandés : en France, “blues” ça rime avec quoi ? Tout de suite ça clignote dans la tête, Johnny Hallyday, la musique vivra, tant que vivra LE BLUES…

Playlist blues

Mais il n’y a pas que ça ! Alors, on a cherché quelques titres, ou plutôt, on les a laissés revenir dans nos mémoires et nous espérons que vous allez trouver là-dedans ce petit air qui vous avait fait vibrer, ou peut-être chavirer.  En 1981, Bill Deraime avec la chanson “Babylone, tu déconnes”, sans oublier Colette Magny qui trouve la notoriété grâce à sa chanson à succès “Melocoton” (1963), Dick Annegarn avec “Ubu”, “Bruxelles”, Hubert-Félix Thiéfaine avec “Lorelei Sébasto Cha” (1986) et qui sort son 18e album, Louis Bertignac “Ces idées-là”, membre du groupe téléphone mais aussi guitariste de génie. Il ne faut surtout pas oublier Patrick Verbeke et son acolyte Paul Personne notamment avec “Lost in Paris”, connus de tous les musiciens amateurs.
Et puis il y a les  locomotives, Dick Rivers et ses “Faire un pont” et “Nice baie des anges”, Eddy Mitchell, en particulier dans la voiture qui roule “Sur la route de Memphis”, Francis Cabrel avec sa “Hell nep avenue” et Jean-Jacques Goldman qui nous fait vibrer avec “Peur de rien blues”, qui nous rappelle l’origine de cette musique à travers l’araignée noire dont le blues nous parle dans “Jeanine médicament blues”, et même quand il nous raconte être rentré un soir “Pas bien, pas beau, blafard”, “Dans mon p’tit blues peinard”. Quant aux voix de Nicoletta ou bien de Nicole Croisille, de “Mamy blue” à “Une femme avec toi”, leur vibrato puissant nous a fait frémir de plaisir.

Espérons que ces airs vous auront fait revivre le temps d’un moment de beaux souvenirs, ou donner envie pour les plus jeunes, d’aller y voir d’un peu plus près !

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