Sangliers : un fléau récurrent [par Thierry Masdéu]
Comme l’année passée, les chiffres des prélèvements de sangliers avoisinent les 13 000 têtes. Et les dégâts qu’ils occasionnent aux cultures affichent toujours, sur les Pyrénées-Orientales, la même constance avec une moyenne de plus de 80 dossiers d’indemnisations déposés.
Une surpopulation que les autorités et la Fédération départementale des chasseurs des P.-O. ont bien du mal à faire régresser. Malgré les actions combinées entre les services de l’État, la Chambre d’agriculture, les lieutenants de louveterie et les chasseurs, les efforts et moyens déployés ne suffisent plus à réguler une expansion du cheptel, stimulée par le changement climatique et une constante progression des friches, notamment périurbaines où il est très difficile de déployer les chasseurs. C’est le constat désolant que le préfet des Pyrénées-Orientales, Étienne Stoskopf, accompagné de Fabienne Bonet, présidente de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales, et de Jean-Pierre Sanson, président de la Fédération départementale des chasseurs des Pyrénées-Orientales, a exposé jeudi dernier à la presse. Une fatalité installée et récurrente qui risque, après les dommages du gel et la sécheresse annoncée, d’accroître la prolifération du grand gibier sur les cultures épargnées. La plaine du Roussillon étant la zone la plus en tension sur les secteurs allant de Salses le Château à Argelès-sur-Mer où les taux de colonisations sont les plus remarqués.
“Au delà des conséquences sur l’agriculture nous avons aussi le problème de la confrontation du sanglier avec certaines activités humaines, notamment sur la circulation routière avec les risques de collisions, ainsi que leurs intrusions sur les zones urbanisées” a souligné le préfet, détachant l’action des 30 louvetiers qui ont réalisé 430 prélèvements administratifs sur la saison 2020 – 2021, soit 4 fois plus qu’il y a 4 ans.
Les solutions à nouveau avancées résident sur la prévention des cultures avec l’installation de clôtures électrifiées ou pérennes, avec le soutien financier de la Fédération de chasse, mais aussi par une meilleure coordination entre agriculteurs et chasseurs. “Dès les premiers signes de dégâts constatés sur les parcelles, nous incitons les agriculteurs à donner aussitôt l’alerte auprès des référents ACCA de leurs zones et de ne surtout pas attendre” martèle Fabienne Bonet, rappelant que ces consignes figuraient déjà sur la charte signée le 28 juin 2017 entre la Chambre d’agriculture et la Fédération de chasse.
85 millions de dégâts par an au niveau national
Aussi, le président de la Fédération de chasse, Jean-Pierre Sanson, a tenu à rappeler que ce sont les chasseurs qui ont en charge le poids des indemnisations, une situation qui risque d’évoluer au cours d’une AG extraordinaire de la Fédération nationale, programmée en septembre prochain. “Il est fort probable qu’un transfert d’une partie de cette charge à hauteur de 50 % soit supportée par l’État. Cette prise en charge partielle ne serait pas neutre et représenterait une quarantaine de millions d’euros, sur une enveloppe globale des dégâts qui s’élèvent au niveau national à près de 85 millions d’euros !” annonce avec prudence le président départemental des chasseurs qui a remis l’accent sur les plans d’actions pour la maîtrise du sanglier. “Le relationnel de terrain et la mise en œuvre de toutes les pratiques de chasses autorisées pour réguler le sanglier doivent être appliqués à la lettre et sur l’ensemble des zones du département ! Chasse à l’affût, à l’approche, en battue, en chassant le petit gibier sur l’unité de gestion 10. Par tous moyens nous devons éradiquer cette déprédation !”
En consultation publique, un plan de gestion départemental sanglier 2019 – 2022*, dont les arrêtés devraient prochainement être validés, se profile sur trois zones, une orange, une rouge et une bleue, avec chacune ses caractéristiques de chasse et sur lesquelles nous reviendrons prochainement. Comme l’incitation, sous certaines conditions, du tir de sangliers à 150 mètres autour des parcelles cultivées.