Poissons d’avril (ou presque …) [par Jean-Marc Majeau]

Chaque année, impatiemment, j’attends la parution des canulars du premier avril. Cette fois, puisque c’était un samedi, j’eus le loisir gourmand et le temps nécessaire pour explorer ces fake news amusantes. Même si l’on est prévenu, certains arrivent pourtant à structurer leur papier pour qu’il paraisse presque crédible. Dans le lot quotidien des nouvelles anxiogènes, j’aime à constater que nos journalistes n’ont pas totalement perdu leur esprit potache. Cette année, je crois, d’ailleurs, qu’ils se sont surpassés ! Quel talent ! Je vais donc vous exposer les meilleurs des poissons d’avril de 2023.

Ainsi donc, on apprend que la CGT, au terme d’un congrès houleux, aurait nommé à sa direction, en lieu et place du moustachu célèbre, une femme, féministe et écologiste. Ils souhaiteraient ainsi rompre avec l’image machiste du syndicat. Henri Krazuki aurait été content ! Évidemment, je n’y ai pas cru un seul instant. Passons à la suivante. Réintégration des personnels soignants non vaccinés ! Si c’était vrai, ce serait un camouflet pour notre ministre Véran, qui en est encore à croire que ces récalcitrants sont responsables de l’intégralité des contaminations. Aucun doute : poisson d’avril ! On continue. La Russie obtiendrait la présidence du conseil de sécurité de l’ONU, pour une durée d’un mois. Je rappelle que cette institution a pour mission d’organiser la paix dans le monde… Réaction outrée de Zélenski et colère des alliés de l’OTAN, qui, refusant cependant le boycott, menaceraient de n’envoyer que des sous fifres aux réunions présidées par Serguei Lavrov, Biden réclamant immédiatement que la Russie ne soit plus un membre permanent de cette institution ! Celle-là, elle m’a fait poiler !

Mais c’était trop énorme pour ne pas passer à la suivante qui nous apprenait que le directeur de cabinet de Brigitte Macron, Jean Spiri, aurait été retrouvé, en pleine nuit, inconscient sur le perron de l’Élysée, en état d’amnésie complète, mais surtout “plein comme une huitre” après avoir pris une caisse monumentale dans le bistrot en face du palais. Selon les explications du “château”, il souffrirait d’un “burn out” lié à la pénibilité de son emploi. Encore un qui, épuisé après seulement 3 mois de boulot, ne tiendra pas 44 ans… Cuit avant la fin du 1er trimestre ! Avouez qu’après les histoires de cocaïne de Laurent Bigorgne et d’Emmanuel Pellerin, deux proches du président, cette affaire ternirait l’image de celui qui prétendait renouveler la politique et la rendre irréprochable !

À poil !

Ce poisson-là m’a fait sourire ! À contrario de celui qui annonçait, à compter du 1er avril, l’autorisation d’expulsion des locataires en difficultés de paiement de leur loyer. En pleine période de contestation, alors que l’inflation galope et que le budget alimentaire à grimpé de 20 %, faire des plaisanteries anxiogènes au sujet de gens qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts est de très mauvais goût. J’arrive au terme de cette revue de presse halieutique, et je pense pouvoir décerner le “César du meilleur poisson d’avril 2023” à Marlène Schiappa. La ministre féministe, amie de Cyril Hanouna, aurait posé nue, drapée d’un drapeau tricolore dans la revue Playboy. Quand j’étais pré-adolescent, cette revue trônait, hors d’atteinte, en haut du rayonnage du tabac-presse local. Seuls quelques privilégiés prétendaient avoir eu l’opportunité de la feuilleter, après en avoir déniché un exemplaire, dissimulé sous le lit de leur frère ainé… Ce mensuel qu’entre nous, à la sortie du catéchisme, nous appelions le “livres de femmes à poil”. Ce Playboy qui attisait d’autant plus nos convoitises qu’il était interdit aux mineurs, tandis que nous avions, dès l’âge de 3 ans, libre accès à la revue “Pif gadget”, qui, cependant, n’était pas encore devenu l’organe officiel de communication de l’Élysée.

Adulte, j’avais appris que cette revue “érotique”, avait été utilisée par Pierrette Le Pen, déguisée en soubrette dénudée, dans le seul but de déranger son époux… À priori, notre Marlène nationale aurait choisi de nous expliquer les retraites à “oilpé”, sûrement pour qu’on les comprenne mieux… Nous avons d’ailleurs décidé dans l’Agri de proposer le retour de la “playmate” que nos anciens lecteurs nous disent regretter. Cette année, pour le prochain numéro, nous vous proposerons donc un poster géant d’Élisabeth Borne, à punaiser sur le mur au-dessus du tracteur ! Dédicacé !

Euh… Attendez.. Oui… Excusez-moi… On me dit à l’instant que toutes ces nouvelles seraient vraies… Merde alors ! Même Spiri et Schiappa ? Et l’ONU aussi ? Ah bon… Et bé putain : à part pour la CGT… Tout le reste m’avait pourtant paru totalement incroyable ! Pour Borne par contre, je vous le jure : c’est un poisson !

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