Phytos dans l’air : la viticulture audoise réplique [par Yann Kerveno]
Philippe Vergnes est monté au créneau pour rappeler que l’usage des produits phytos se fait dans le cadre de la réglementation.
On a beau parfois prendre toutes les précautions d’usage, la publication d’un rapport peut générer des effets secondaires. Il est vrai que publier, de nos jours, une étude sur la contamination de l’air par les pesticides, c’est un peu comme remettre de l’essence sur des braises encore bien vives. L’étincelle fut la semaine dernière avec cette manifestation contre les locaux de L’Indépendant à Carcassonne (voir notre dernière édition). Samedi, c’est Philippe Vergnes, président de la Chambre d’agriculture de l’Aude qui s’est fendu d’un communiqué rappelant que les agriculteurs étaient des acteurs de l’environnement. Il rappelle que l’emploi des produits phytosanitaires s’effectue dans le cadre de la réglementation et que la Chambre d’agriculture a mené une concertation pour la mise au point d’une charte d’engagement au printemps dernier. L’étude en question, dont L’Indépendant s’est fait l’écho sans prendre trop de précaution, est une étude exploratoire demandée et pilotée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) qui porte sur l’ensemble du territoire métropolitain avec 50 sites de mesures. Et qui vient en complément de deux autres études portant sur les pesticides dans l’air ambiant et les polluants émergents. Son objet ? Mettre de la cohérence dans les mesures existant déjà dans certaines régions et “d’apporter des premiers éléments d’interprétation sanitaire et, dans l’esprit des avis précités, de prioriser les substances nécessitant un travail approfondi en lien avec leur potentiel effet sanitaire.”
61 molécules détectées sur 110 recherchées
L’exercice peut d’autant être mal interprété qu’il n’existe pour l’heure aucune réglementation ni seuil légal de concentration dans l’air. L’étude menée en Occitanie a porté sur les différents types de terroirs, viticoles, arboricoles, maraîcher, grandes cultures et milieux urbains avec des prélèvements étalés sur une année avec des recherches pour 110 substances. Parmi les celles les plus retrouvées en France métropolitaine, on trouve des désherbants, le glyphosate, le prosulfocarbe, le S-métolachlore, le pendimétahlaine, et le triallate, des insecticides le Chlopyriphos-méthyl toujours commercialisé et le lindane, insecticide interdit depuis 20 ans mais très persistant dans l’environnement, ainsi que les fongicides, le Chlorothalonil et le Folpel, particulièrement présent dans l’Aude. Comme cela est expliqué dans le document d’Atmo Occitanie, cette présence très importante, 4,7 nanogrammes par mètre cube d’air (en cumul hebdomadaire), est lié au contexte particulier de l’année concernée (2018-2019) qui avait vu une forte pression de mildiou sur la vigne et donc une forte réponse des producteurs. Au total, sur l’ensemble de la région et 110 molécules recherchées, 61 ont été détectées, 26 fongicides, 20 herbicides, 14 insecticides et un nématicide. L’étude rendue publique par Atmo Occitanie reconnaît par ailleurs qu’il est illusoire de vouloir bâtir un référentiel unique tant les situations sont différentes d’un territoire à un autre et qu’il reste encore beaucoup de connaissances à acquérir.