Perpignan : À force de prendre les électeurs pour des cons… (Par Jean-Paul Pelras)

Finalement Shirley et Dino, Torreton, Boujenah, Dani ou, entre autres troubadours, les Chevaliers du fiel ne seront pas parvenus à convaincre les Perpignanais. Du moins ceux qui ont voté majoritairement pour Louis Aliot au second tour des municipales. Pourquoi ? Tout simplement, et il serait temps que le music-hall le comprenne, car les électeurs n’ont pas besoin de l’avis des artistes de variété pour savoir comment ils doivent voter.
Mais aussi car nous venons d’assister à la fin d’un leurre. Celui qui consiste à nous faire croire que les gens, toutes obédiences confondues, peuvent s’invectiver le lundi et se rouler une pelle le mardi au nom d’un front qui n’a de républicain que le nom. À moins, et c’est peut être le cas, que la République soit mère de tous les renoncements et de toutes les compromissions. Résultat des courses, le Rassemblement National vient de s’installer place de la Loge à Perpignan. Et ceux qui n’en veulent pas auront beau gesticuler, les urnes ayant parlé de façon incontestable, l’ancien compagnon de Marine le Pen va donc diriger, avec son équipe, la Fidelissima pendant six ans.

À bien y regarder, il y a un peu de Macron chez Aliot…
Oui, c’est ainsi, comme dans toute démocratie indigne de ce nom (autrement dit un peu partout sur terre) où il faut, une fois le temps des suffrages passé, soit composer, soit résister. La seconde occurrence étant de loin la plus inconfortable. Car pour s’en accommoder, il faut être fait d’un bois particulièrement dur, accepter les disettes, renoncer aux subventions, réduire la voilure, savoir dire non.
Quant à la politique politicienne, disons qu’elle vient de récolter ici ce qu’elle sème depuis des années à coup d’alliances contre nature et de petits arrangements empoussiérés. À bien y regarder, il y a un peu de Macron chez Aliot, du moins dans la façon d’accéder au pouvoir. Les deux, dans des registres pourtant totalement opposés, ont su profiter de cet appel d’air qui aspire les déçus d’une mécanique vieillissante et bricolée que beaucoup croyaient parfaitement rodée. Comme si les seconds tours étaient joués d’avance. Comme si la politique n’était affaire que de calculs et d’anticipation. Comme s’il suffisait, ad vitam aeternam, de prendre les électeurs pour des cons.

Jean-Paul Pelras

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