“Nous voulons des solutions” [par Yann Kerveno]
Les agriculteurs des Pyrénées-Orientales étaient en ville ce lundi 31 janvier, pour réclamer un peu d’attention et des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent.
Ils étaient plus d’une centaine à battre, ce lundi 31 janvier, le bitume de Perpignan pour réclamer des solutions. Le rendez-vous, à l’appel de la FDSEA 66, des Jeunes Agriculteurs et du Syndicat des Vignerons, avait été fixé au parc des expositions en milieu de matinée. C’est là que se sont rassemblés une grosse trentaine de tracteurs, le plus souvent attelés et les manifestants avant de prendre le chemin de la préfecture. Comme le rappelait Bruno Vila, une fois les tracteurs ayant pris possession de l’ensemble du quai Sadi Carnot, la principale des revendications portées concernait l’eau. “Nous sommes confrontés au changement climatique, nous devons nous adapter et nous en sommes empêchés alors que nous avons une solution, c’est stocker. L’eau est là, mais le problème c’est qu’elle ne tombe pas au bon moment” précisait-il.
Les distorsions sont renforcées par la réglementation.
“À chaque épisode pluvieux, ce sont des millions de mètres cubes qui repartent à la mer sans que nous ne fassions rien alors que nous pourrions en stocker une partie” ajoutait le patron de la FDSEA. “L’eau n’est pas un sujet agricole, c’est un sujet de territoire, nous avons des solutions mais il nous faut dix ans pour les faire aboutir, dix ans de travail, dix ans de dossier administratif, mais là, nous n’avons plus le temps ! Sans compter les procès qui nous sont faits sur les débits réservés, pour lesquels l’État ne défend pas ses décisions devant les tribunaux, à croire qu’on préfère le confort des poissons aux productions agricoles.”
Outre l’eau il fut aussi question des ZNT et des pesticides, des produits qui sont interdits sans alternative. “Les distorsions de concurrence, on connaît, il y a longtemps qu’elles existent, mais elles sont renforcées par la réglementation qu’on nous impose…” Bruno Vila revenait ensuite sur les hausses des charges, intrants, travail, qui, contrairement à d’autres métiers, sont en grande partie impossible à faire supporter par le consommateur “dans un marché libre régit par l’offre et la demande basé sur le prix des produits d’importation.”
“Demain ne vient jamais”
Il concluait, “le département ne compte plus que 2 500 agriculteurs et 10 000 retraités de l’agriculture, dans 10 ans, la moitié des agriculteurs aujourd’hui en activité seront à la retraite… On importe déjà 50 % des fruits que nous consommons et 40 % de nos légumes. Et ensuite on vient nous parler de sécurité alimentaire ?” David Drilles, président du syndicat des vignerons, rappelait pour sa part que pendant toute la crise du Covid, quand tout le monde était confiné, les agriculteurs étaient pour leur part toujours au charbon pour la nourriture ne manque pas “et qu’on a vu des professions pouvoir accéder facilement à 10 000 euros d’aides, et nous, lorsque nous sommes frappés par les éléments, quand on demande de l’aide, qu’est ce qu’on nous répond ? Demain. Et demain ne vient jamais !” Après que le préfet ait reçu une petite délégation, le cortège devait s’ébrouer pour une visite de courtoisie à la Direction départementale du territoire et de la mer pour y déposer le contenu des remorques.