Miam : la solidarité par l’assiette [par Yann Kerveno]

Si la solidarité est une valeur souvent mise en avant comme une des qualités du monde rural, elle n’est pas absente des villes. En témoigne Miam Collectif, place Rigaud à Perpignan, qui tisse des liens sociaux autour d’assiettes pas comme les autres.

C’est un jour de semaine, en fin de matinée, on s’active déjà en cuisine pour le service du midi. Ici, on met un point d’orgue à tout préparer depuis l’ouverture, c’était en janvier 2020, après de longs mois de gestation. “Ce que nous voulions, avec les autres instigateurs de cette aventure, c’était mener une action destinée à créer du lien social dans le centre-ville et par l’alimentation, parce que c’est un vecteur puissant. Nous voulions aussi lutter contre la désertification du centre, les magasins fermés et ce que leur fermeture supprime de possibilités de rencontres” explique Camille Rosa, une des pionnières de l’aventure aujourd’hui salariée de l’association. Un accord est trouvé pour démarrer avec le café L’Atmoshpère, place Rigaud, en plein cœur de ville. Le Miam Collectif occupe les lieux tous les midis pour servir ses repas à “prix volontaire”. C’est-à-dire que chacun donne ce qu’il veut. Ou peut.

9 euros

“Au départ, nous avions choisi de fonctionner en prix libre, mais c’est très complexe à gérer, nous avons donc dû prendre la décision de fixer un prix minium, 2 euros”, poursuit Camille Rosa. “Chacun étant libre de donner ce qu’il veut au-delà de deux euros, la balance s’effectue grâce à ceux qui donnent volontairement plus, de 12 à 15 euros dans l’idéal. En gros, ce qu’ils payent ailleurs pour un repas qui n’est pas forcément d’aussi bonne qualité” ironise-t-elle. “Notre point d’équilibre tourne autour de neuf euros, donc ceux qui payent plus financent ceux qui ne peuvent pas payer autant…” La disposition n’est pas anodine dans un des centres-villes les plus pauvres de France, à deux pas du quartier Saint-Jacques. L’an passé, le Miam Collectif a servi 38 repas par jour en moyenne, avec un record à plus de 100 couverts…

Partenariats

Pour autant, le Miam n’est pas un restaurant où l’on servirait des repas de seconde zone sous prétexte qu’ils ne sont pas chers… Ses approvisionnements s’appuient sur la logique de l’économie circulaire et de la lutte contre le gaspillage. “Nous sommes approvisionnés en produits frais, uniquement des fruits et des légumes, qui sont des rebuts de la distribution. Depuis le début avec Biocoop, plus récemment avec Pro Natura et aussi une entreprise de maraîchage qui fait de l’insertion” explique la salariée de l’association. “La cuisine servie au Miam Collectif n’a rien à envier à un restaurant commercial classique. Notre ambition, c’est que chacun puisse manger bon et sain, nos repas sont végétariens, servis dans de beaux couverts, avec de jolies présentations.”

Projet

Pour aller plus loin et développer de nouvelles actions, le Miam Collectif et la centaine de bénévoles qui viennent en appui pour cuisiner ou aider l’association, ont décidé d’acquérir un lieu, toujours en centre-ville, à quelques dizaines de mètres de la place Rigaud. “Nous avons décidé d’acheter pour être chez nous, pouvoir mettre en place plus d’activités, des partages de connaissances, un café associatif en plus du restaurant. C’est un budget important, 120 000 euros en tout, pour pouvoir acquérir les murs et remettre un restaurant en état de marche. Nous nous sommes appuyés sur les banques, nos partenaires, la Région et le Département, nos adhérents aussi et nous avons ouvert un financement participatif pour nous aider à compléter l’enveloppe sur 15 000 euros” explique encore Camille Rosa. En quelques jours, la collecte avait déjà permis de recueillir 10 000 euros et elle n’est pas terminée. Preuve que l’assiette, en dépit du contexte, reste effectivement un puissant ciment social !

https://www.helloasso.com/associations/miam-collectif/collectes/le-miam-collectif-demenage

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