“Média culpa”
Souvenez-vous, en 1991, dans “À la une”, Jean Ferrat nous disait déjà : “C’est une émission formidable sur les problèmes de société où des héros et des minables vous parlent en toute liberté”. Force est de constater que, 28 ans plus tard, le débat a évolué des prémices de la médiocrité vers les eaux basses de la subjectivité. Élise Lucet qui anime, sur une chaine du service public, l’émission Envoyé spécial (moyennant tout de même 25 000 euros par mois) est, à ce titre, en train d’essuyer les critiques d’une partie de l’opinion et même de certain(e)s confères et consœurs. Dont Emmanuelle Ducros, journaliste à L’Opinion, qui n’hésite pas à tweeter consécutivement à l’émission dédiée au glyphosate : “Pas un avis contradictoire. Pas un avis scientifique. Que des choses balancées sans aucune preuve. Que des insinuations. Que du conditionnel. Beau travail. Envoyé spécial, pas du journalisme. Mais beau travail de marketing de la peur.” Une peur, rappelons-le, instrumentalisée par une poignée d’artistes ayant prêté leurs urines pour savoir si elles contenaient du glyphosate. Bingo : tous positifs. L’audimat peut donc en déduire que la dose ne fait plus le poison.
Examen de conscience
Sur un tout autre sujet, certains médias, dont France culture sous le titre “Journalistes : l’autocritique”, viennent d’évoquer ce qui peut être considéré comme étant un examen de conscience. Jérôme Lefilliâtre écrit, à ce propos, sur le site de Libération : “Le mouvement des gilets jaunes rappelle très durement aux médias la défiance dont ils font l’objet auprès d’une grande partie du public. (…) En 2018, 20 000 des 35 000 cartes de presse en circulation étaient détenues par des habitants de la région parisienne. Rien d’étonnant : tous les médias nationaux, à l’exception notable des réseaux publics France 3 et France Bleu, sont installés à Paris.” Sylvain Morvan, cofondateur de Médiacités, nous dit de son côté : “Les journalistes écrivent librement ce qu’ils sont socialement programmés à écrire”. Rajoutons à cela l’appartenance de certains médias régionaux aux cercles décisionnaires du moment et c’est une bonne partie du territoire qui tombe sous la coupe subliminale du calibrage “suggéré” par ces mêmes dirigeants.
Morale politico-médiatique
Pour finir, évoquons la prestation de dame Schiappa, co-animatrice avec le sieur Hanouna d’une émission destinée à donner la parole aux Français en souffrance. Des Français auxquels celle qui appartient au gouvernement actuel n’a pu s’empêcher d’adresser ce petit message : “Je suis désolée mais nous sommes un pays qui aime se plaindre”. Ou comment un clown sans talent et une secrétaire d’État qui s’embarrasse peu de considérations déontologiques sont parvenus à nous fourguer, ce jour-là, une bonne louche de morale politico médiatique.
Allez, pour la route, un autre couplet du chanteur ardéchois : “Ce soir, ce soir après la roue de la fortune, un PAF obscène, un PAF obscène est à la une.”