Lettre aux écologistes qui n’aiment pas le bonheur [par Jean-Paul Pelras]

Madame, Monsieur.
À Rennes, Paris, Bordeaux ou Lyon, vous prônez l’autosuffisance énergétique et alimentaire. Vous n’appréciez ni le Tour de France, ni les sapins de Noël, ni la circulation. Vous appartenez à ce mouvement qui tente le challenge démocratique depuis 1974 où René Dumont obtint 1,32 % des suffrages jusqu’à Eva Joly qui plafonna 38 ans plus tard avec 2,31 %. Vous avez décroché en juin dernier le pompon d’une fête foraine désenchantée où vous avez capté les voix d’une gauche en perdition et bénéficié d’un taux avoisinant 60 % d’abstention. D’où peut être cette aversion envers les courses cyclistes où le panache du champion est inversement proportionnel à celui de l’opportuniste. Vous pensez que la France est désormais entre vos mains et que les partis politiques vont devoir composer avec vous s’ils veulent prétendre à la victoire, même s’ils doivent convoquer Pyrrhus pour y accéder. Mais de grâce, et comment le formuler autrement, en attendant “foutez-nous la paix !”. Oui, foutez nous la paix car nos préoccupations sont aux antipodes des vôtres, car nous en avons assez de vos dogmes, de vos contraintes coercitives, de vos lois punitives. Là où le tourniquet de la connerie est en train de nous faire perdre nos 4 points cardinaux. Là où les nouveaux orfèvres de l’opinion sont prêts à sacrifier ce qui fait le charme d’un pays pour promouvoir l’absurdité de quelques idéaux.

Les gens, je veux parler de ceux qui travaillent avec une obligation de résultats, dans leurs commerces, dans leurs champs, dans leurs ateliers, sur leurs chantiers, dans leurs bureaux, dans leurs usines, en ont assez de vos caprices qui impactent leur quotidien et ce qui donne un peu de saveur à la vie quand la semaine est finie. Savez-vous seulement ce que représente un arbre de Noël dans les yeux d’un enfant ou une course cycliste défilant dans la rue principale d’un petit village, entre Bigorre et Aubrac, pendant la saison des foins ? Avez-vous jamais vu cette gerbe bigarrée où vous avez cru reconnaître Anquetil, Merckx, Poulidor ou Hinault dans un froissement inoubliable de pignons et de pédaliers ? Avez-vous jamais attendu la “caravane” et, dans le vacarme des klaxons, vous êtes-vous précipités sur le bitume pour ramasser quelques stylos, quelques porte-clés, des ballons, parfois une casquette et tout un tas de bricoles que vous avez retrouvées, un jour de déménagement, chez vos grands-parents, dans le tiroir du vieux buffet ?
Avez-vous jamais tenu pendant quelques instants, entre vos mains, ces objets dérisoires, ceux qui ont fait notre enfance, nos étés, nos vacances, nos plus beaux souvenirs ? Vous êtes vous rappelés de vos pantalons courts, d’une cousine un peu effrontée, des recommandations de votre mère, de la complicité de cet oncle qui vous portait sur ses épaules, de tous ces gens heureux et volubiles qui criaient au bord des départementales ? Certainement pas ! Tout simplement car vous n’appartenez pas à cette population française qui se satisfait des joies populaires, qui aimait jusqu’ici voir les pastourelles embrasser le champion avant que les puritains et les hygiénistes de service, en nous prodiguant leurs morales, ne les excluent du peloton. Certainement pas, vous qui pensez que le Tour de France véhicule une image machiste du sport, qu’il y a trop de moteurs thermiques dans la caravane, que les gadgets jetés sur le bord des routes polluent parce qu’ils ne sont pas “durables”. Vous êtes les tenants d’une pensée unique qui tétanise le peuple en le faisant culpabiliser. Vous prophétisez le malheur en prohibant le bonheur. Vous croyez savoir ce qui est bien pour nous car vous avez fait de votre idéologie une profession, en nous faisant croire que nous ne sommes pas suffisamment qualifiés pour exprimer nos propres opinions. Avec le coup du sapin de Noël et celui du Tour de France le vernis est passé du vert au vert de gris. Peut-être tout simplement car ce qui émoustille votre esprit citadin n’est en réalité qu’une pitoyable supercherie.

Une réflexion sur “Lettre aux écologistes qui n’aiment pas le bonheur [par Jean-Paul Pelras]

  • 16 septembre 2020 à 12 h 33 min
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    Bien dit Jean Paul !!!Qu ils nous foutent la paix encore une fois. Si c est cela faire de la politique. Eh bien on est tombé bien bas!!!Ce qui est terrible c est que l avenir et les rêves de nos jeunes risquent d être imprégnés des conneries de ces semblants de décideurs

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