Les “gros mots” de Jean-Paul Pelras : L’eau propre

Cette semaine, je voulais évoquer le terme « existentiel » employé par le locataire de l’Élysée afin de qualifier la menace que pourrait représenter, pour nos vies, la victoire de la Russie sur l’Ukraine. Mais j’ai préféré laisser à notre suzerain le soin de jouer avec « ses » mots, leur préférant, car un peu moins risqués, ceux prononcés par l’une de ses ministres. En l’occurrence, Madame Sarah El Haïry en charge de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles. S’adressant à Sandrine Rousseau et, peut-être, soucieuse de se placer au même niveau que « l’auteure » de « Nous avions la gorge qui grattions », « Nous avions les yeux qui brûlions », celle qui fut également chargée de la Biodiversité et du Service national universel lui demanda de « Ne pas jeter l’eau propre » sur l’ensemble des professionnels. Certains, dans le camp présidentiel, ont vu avec ce détournement d’expression un trait de génie car, non contente de vouloir « jeter l’opprobre », la ministre (des familles) conseillait également de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

Pour l’opposition, en revanche, la ministre (de l’enfance et de la jeunesse) livrait un lapsus, révélateur d’une certaine ignorance ou désinvolture, digne de cette « fellation » que Rachida Dati (actuelle ministre de la Culture) confondit avec « inflation », de cette « Pine de mort » que Jean Marie le Pen échangea avec la « Peine de mort ». Sans oublier les « empreintes génitales » que Brice Hortefeux (ancien ministre de l’Intérieur) troqua pour les « digitales », la « bravitude » de Ségolène Royal, la fraude fiscale qu’Éric Woerth (ancien ministre du Budget) voulait « renforcer » plutôt que « dénoncer ». Ou cette saillie datant de 1975 que l’on doit au député RPR Robert-André Vivien. Lequel, intervenant à l’Assemblée nationale, sur la classification des films pornographiques, lançait : « Monsieur le ministre, il faut durcir votre sexe… Euh, pardon, votre texte ». Ayons également une pensée pour cette autre coquille historique lorsque, en 1989, Georges Marchais, répond au journaliste Hervé Claude. Lequel lui demande s’il n’est pas ébranlé par le rejet du communisme dans l’ancien bloc de l’Est. « Non, cela ne me branle pas dans mes convictions » rétorque alors l’ancien secrétaire général du Parti communiste français. Continuons avec Édouard Philipe (ancien Premier ministre) qui dit, lors du lancement du Comité d’organisation de la Coupe du monde de rugby 2023 : « La France est une nation qui veut continuer à sucer… Pardon, à susciter les grands champions… » Sans oublier cette autre bévue (prémonitoire) de Manuel Valls (également ancien Premier ministre) qui dit que les Français pourront « s’apprivoiser » au lieu d’employer le terme « s’approvisionner » en essence. Alors que, pour rester dans le domaine des énergies, François Fillon (encore un ancien locataire de Matignon), confondait le « gaz de shit » avec celui de « schiste »

Ce florilège, non exhaustif, de lapsus républicains étant énoncé, nous attendons avec impatience la fierté du bar tabac, le dépassement des borgnes, l’enduction en erreur, la découverte du poteau rose, la sortie de l’asperge ou, pour les moins éclairés, la chair d’ampoule. Ce qui ne saurait tarder !

Une réflexion sur “Les “gros mots” de Jean-Paul Pelras : L’eau propre

  • 28 mars 2024 à 11 h 31 min
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    Je pense que Robert- André Vivien qui était réputé pour ses bons mots, et aussi lapsus (volontaires la plupart du temps) sur ce coup l’a fait exprès.

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