Les chasseurs de l’Aude réimplantent le lapin de Garenne
Dans l’Aude, 17 associations communales de chasse agréées (ACCA) participent au protocole de réintroduction du lapin de Garenne lancé par la Fédération départementale des chasseurs de l’Aude il y a deux ans.
Accompagné par Fabrice Farneda, le référent lapin de la Fédération des chasseurs de l’Aude, l’ensemble des ACCAs du département a la possibilité de suivre ce dispositif. Son but ? Réintroduire le lapin de garenne par l’installation de réseaux de garennes. Des maladies comme la myxomatose, et surtout le VHD, déciment depuis longtemps dans l’Aude les effectifs de ce fragile mammifère. À titre d’exemple, environ 1 400 lapins ont été prélevés l’année dernière dans l’Aude, alors que 7 000 l’ont été sur la seule commune de Vendres. Justement, c’est dans cette ville de l’Hérault où le lapin pullule que l’ACCA de Conques-sur-Orbiel s’est rendue le mois dernier afin de fureter. « Sur les trois derniers mois, nous avons fureté une centaine de lapins que nous avons réintroduit sur les 140 hectares situés sur notre réserve de chasse », témoigne Michel Claret, le président de l’ACCA conquoise.
Un réseau de onze garennes est donc installé sur le magnifique sentier des Capitelles du village. Mesurant 13 mètres par 15, équipée d’un grillage et d’un filet contre la prédation de la sauvagine et des rapaces, la garenne est un tas de palettes à hauteur de petit homme, recouvert de branchages et de terre en abondance. « Des ACCAs d’autres départements, qui ont fait il y a longtemps ces mêmes aménagements, mais plus petits, nous ont conseillé de faire des garennes plus grandes. Avec le recul, ils ont constaté qu’en trop grand nombre, les animaux ont des conflits de territoires. » L’animal se reproduit de janvier à septembre et une lapine peut donner naissance à 56 lapereaux par an.
Moult bénévoles et 320 lapins réintroduits
Une fois les lapins débarqués en terres audoises, l’équipe s’affaire à les sexer en baguant les femelles en blanc et les mâles en rouge. « Ils sont dénaturés, ils passent du sablonneux de Vendres à la garrigue d’ici. C’est seulement lorsqu’ils auront pris leurs habitudes qu’on leur ouvrira. Nous les nourrissons à l’orge et au foin durant trois semaines puis nous ouvrons la garenne par des petits passages de moins de 15 centimètres entre des pierres », témoigne le secrétaire de l’ACCA David Berjand. « Il faut pouvoir intervenir rapidement au cas où de la sauvagine et surtout des mustélidés s’introduisent, ou bien si nous détectons une maladie. »
La Fédération des chasseurs de l’Aude, qui prend en charge l’aménagement technique, matériel et financier de ce protocole, comptabilise 180 lapins réintroduits l’année dernière et 320 cette année (le furetage s’étale de février à avril). « Si on veut pouvoir réintroduire le lapin de garenne correctement, il faut que plusieurs ACCAs s’emparent de ce protocole », explique Fabrice Farneda qui compte également deux particuliers dans le dispositif de réintroduction. Étendu dans la Piège, le Cabardès, le Minervois et les Corbières, ce protocole pourrait porter ses fruits d’ici trois années d’après son référent. « La fédération est contente d’avoir des ACCAs qui portent ce protocole et qui le suivent avec enthousiasme. C’est du boulot, ils s’investissent tous les week-ends pendant trois mois. » Une démarche qui peut redonner de l’espoir aux passionnés de ce gibier de prédilection qui a longtemps fait de belles heures de chasse pour maints nemrods et conforter le fonctionnement des écosystèmes en renforçant les populations de cette espèce proie.
Justine Bonnery