L’édito de Jean-Paul Pelras À quand un “Medfel” pour les artisans venus d’Espagne ou des pays de l’Est ?

L’an passé, à peu près à la même date, je me demandais si les producteurs d’artichauts et de choux-fleurs Bretons allaient un jour créer en Armorique un salon où ils inviteraient chaleureusement leurs homologues Égyptiens, Italiens, Allemands ou Roumains à venir promouvoir leurs marchandises. Idem pour la viande en provenance du Mercosur dont les mérites pourraient être vantés sur le foirail de Laguiole, d’Aumont Aubrac ou de Laissac. Vous en conviendrez, le scenario est peu envisageable. Pourrait-on, sur le même modèle, imaginer un salon sur lequel des artisans venus d’Espagne ou des pays de l’Est seraient accueillis en Roussillon pour proposer leurs prestations, rédiger des devis et usurper, en bon voisins, la clientèle locale car bénéficiant de coûts salariaux ultra compétitifs ? Inimaginable, bien entendu.
Et voilà qu’il remet ça, sont en train de dire en lisant ces lignes celles et ceux qui, depuis 10 ans, coupent du ruban à l’avenant dès qu’il s’agit d’inaugurer le Medfel. Comprenez Salon international des fruits et légumes en Méditerranée.

Un paradoxe qui contraste avec les grands discours humanistes et environnementaux du moment
Oui bien sûr je me répète. Mais après tout, pourquoi pas ?
Car, voyez-vous, je n’arrive toujours pas à comprendre comment certains politiques peuvent évoquer à tout bout de champ le circuit court et le “bien manger” dans nos cantines, faire de l’alimentation une cause régionale, prôner l’agriculture biologique et, dans le même temps, cautionner in situ le déballage de fruits et légumes produits à des centaines de kilomètres d’ici avec des coûts salariaux dérisoires et des pratiques culturales qui n’ont pas grand-chose d’écologique. Un paradoxe qui contraste quelque peu avec les grands discours humanistes et environnementaux du moment quand on sait dans quelles conditions sont produits concombres, poivrons et autres fraises, tomates, melons, pêches, nectarines et abricots dans le Sud de l’Espagne ou, par le royaume chérifien, au Sahara Occidental avec des employés rémunérés moins de 5 euros par jour.
Espérons, à ce titre, que l’accord signé en septembre dernier entre la Région Occitanie et celle de Fès Meknès visant entre autres à coordonner la formation des cadres marocains dans les secteurs de l’agriculture et de l’agro-alimentaire va permettre, même si l’on peut en douter, de moraliser certaines pratiques… Un accord et des échanges facilités par l’intervention de Jalil Benabdillah, président du cluster Leader Occitanie. Voilà, ce sera tout pour aujourd’hui !

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