L’écologie des villes va-t-elle imposer l’écologie des champs ? (Par Jean-Paul Pelras)

Lyon, Bordeaux, Grenoble, Strasbourg, Marseille, Poitiers, Besançon, Tours… Mais aussi Paris, si l’on considère l’accord conclu entre les écologistes et Hidalgo avant le second tour des municipales. La France serait donc passée au vert. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Si ce n’est de villes de plus de 100 000 habitants et de scores résiduels résultant d’alliances, souvent contre nature, avec 6 électeurs sur dix restés à la maison ou déjà partis en vacances pour fuir le quotidien des métropoles. Et, de facto, déserter le plus vite possible ces espaces bétonnés et goudronnés, ces polypiers urbains où les pics de pollution, la longueur des embouteillages et la promiscuité des transports en commun ont probablement motivé le vote écologiste. Celui qui emprunte tantôt aux idéaux, tantôt à la politique politicienne dans un contexte où, de surcroît, beaucoup se sont détournés des urnes car ils ne trouvaient rien de folichon en magasin. Mais aussi, car ils savent d’avance que les candidats ne garantissent plus le service après vente puisqu’ils n’ont, bien entendu, aucune obligation de résultat.
Laisser entendre au lendemain de ce suffrage que la France va hisser pavillon écolo parce qu’une bordée de moussaillons verdoyants vient de faire main basse sur quelques hectares de terre bétonnée, c’est induire en erreur 67 millions de Français. C’est créer un évènement à partir d’un phénomène épiphénoménique, prêter à l’ondée la force de la déferlante et donner beaucoup trop d’importance à ceux qui se servent du chant des petits oiseaux pour accéder au pouvoir. Ce pouvoir centralisateur qui décide du sort de nos campagnes alors qu’à l’inverse les ruraux ne s’occupent jamais du modus vivendi des urbains. Tout simplement car ils ont appris à ne pas s’occuper des affaires des autres. Une histoire d’éducation en quelque sorte…

Les fantaisies d’une poignée de bobos…
Ces ruraux qui sont de moins en moins compris, écoutés, considérés car notre société est en train de basculer dans l’irrationnel, dans le superflu, dans la considération folklorique, dans une équation qui ne tient plus compte des priorités économiques, qui prône la décroissance et suscite de facto la perte de compétitivité au lieu d’encourager le développement des activités. Il faut, à ce titre, se rendre sur le site de la consultation citoyenne pour le climat où 82 % des 150 personnes tirés au sort sont issues de communes appartenant à un grand pôle urbain ou à sa couronne. 150 personnes qui n’ont pas été élues mais qui, à en juger par l’importance que vient de leur accorder le premier d’entre nous, pourraient bien influencer le débat. Dans ce panel d’anonymes nous retrouvons seulement 4 % d’artisans, commerçants ou chefs d’entreprises et… 1 % d’agriculteurs. De qui se moque-t-on ? Si ce n’est de cette minorité rurale qui ne représente plus rien dans les urnes mais qui continue tout de même à nourrir la population et à générer une induction sur l’ensemble du territoire. Quantité négligeable, condamnée à subir la “légitimité” des environnementalistes via cette convention citoyenne et les gadgets coercitifs qui vont en découler en suggérant de nouveaux dogmes tout autant inapplicables qu’inadaptés. Résultat des courses, nos campagnes vont devoir composer avec les fantaisies d’une poignée de bobos qui confondent le rêve et la réalité, quelque part entre bricolages et opportunités.

3 réflexions sur “L’écologie des villes va-t-elle imposer l’écologie des champs ? (Par Jean-Paul Pelras)

  • 1 juillet 2020 à 11 h 55 min
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    Pas facile 1% d’agriculteur avec 150 personnes, si je compte bien, cela fait 1,5 humain ! 😁 Sinon, entièrement d’accord.

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  • 1 juillet 2020 à 12 h 53 min
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    Jamais contents si je comprends bien…

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  • 2 juillet 2020 à 13 h 38 min
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    Bonjour.

    1 % d’agriculteurs c’est le double du pourcentage d’agriculteurs dans la population française…

    C’est donc plus que représentatif.

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