Le cerveau au temps des Pharaons [par Jean-Marc Majeau]

Je viens de relire quelques travaux du paléontologue Yves Coppens, récemment décédé. Selon lui, le cerveau humain actuel serait identique à ce qu’il était il y a 6 000 ans. Ceci sous entendrait qu’un enfant Cairote, né au temps des pharaons, aurait exactement la même plasticité cérébrale que le fils de Maurice Dupont Lajoie, né dans le XVIIe arrondissement de Paris en 2020. En d’autres termes, si l’on prenait un enfant de l’époque de Toutankhamon, qu’on le transporte à la naissance dans une maternité francilienne, et qu’on attende un peu, au lieu de dessiner ses parents de profil sur des papyrus, il lirait des mangas, serait fasciné par les mondes virtuels et réclamerait un menu King Junior avec double portion de frites et une PS 5 à ses parents pour son anniversaire !

Quelques âmes chagrines me rétorqueront que voyager dans le temps est une illusion. Je regrette : je l’ai déjà vu à la télévision dans “Les visiteurs”. Or, nous l’avons appris : ce que dit la télévision est absolument authentique, y compris l’invraisemblable. Revenons-en donc à mon Égyptien. D’après Coppens, rien dans l’évolution de notre cerveau, ne montrerait la moindre augmentation de nos capacités d’acquisition à 6 000 ans d’intervalle. C’est troublant. Dans ces conditions, toujours dans une démarche totalement scientifique, imaginons que cet apprenti pharaon réussisse à retourner dans son époque d’origine (d’après le professeur Delfraissy, c’est possible). Arrivant aux portes du palais, il serait reçu en grande pompe par le pharaon himself.

“Heureusement, parfois, ils sont contents…”

– “Raconte-nous les secrets de l’évolution”. – “Pour faire simple : c’est le bordel. Ils sont très nombreux, vivent très vieux, mais ont très peur des maladies. Surtout d’une qui vient du pangolin et qui s’attrape en respirant”. – “Elle tue beaucoup ?” – “2 % de ceux qui l’attrapent, surtout les vieux” – “Mais c’est la mort qui tue les vieux. Pas la maladie !” – “Oui mais là, ils pensent que sans maladie, on ne mourrait plus. Alors ils se protègent. Ils sortent seulement à 1 km de chez eux, masqués, font manger les parents la fenêtre ouverte pour que la maladie s’en aille, et boivent la bière assis” – “La bière : la boisson des pharaons. Assis ? Mais ça change quoi ?” – “Quand tu te lèves sûrement, tu dois être moins malade. Mais là, ça va mieux. Maintenant, ils ont peur de la guerre. Quand c’est la paix, ils se vendent continuellement des armes entre eux. Ensuite, ils se tirent dessus avec quand ils se sont fâchés. Actuellement, un d’entre eux a décidé d’annexer un pays voisin, plus petit mais plus riche que le sien”. – “Un pharaon avisé sûrement”. – “Non, un dictateur. C’est presque pareil. Alors, pour punir l’envahisseur, les autres ne lui achètent plus rien” – “Et alors ?” – “Le pharaon vend à d’autres clients. Et ceux qui ne veulent plus rien lui acheter crèvent de faim et de froid. C’est leur façon de le sanctionner”. – “Et ils font quoi alors ?” – “Ils vont mettre des cols roulés et des doudounes. Et éteindre la Wifi aussi. Mais ça c’est impossible à expliquer. Heureusement, parfois, ils sont contents. Ils mettent des lunettes de soleil et des chaussures de sport pour aller enterrer des reines immortelles, protégées par Dieu. Bon, la dernière avait dû faire une connerie, parce que Dieu l’a abandonnée. Et elle est morte. Alors, comme je te disais, on l’a enterrée. Dans un tombeau sous terrain, dans un sarcophage plombé,  avec son sac à main et un chapeau jaune spaghetti, pour la route”. – “En fait, elle a été enterrée comme les pharaons ?” – “À peu prés. Sauf que personne n’a pesé son cœur. A priori, il devait être assez pur pour lui donner droit à la vie éternelle. Ils nous l’ont pas dit. Comme toujours, un autre pharaon lui a succédé. Il a signé les papyrus avec un stylo pourri. Il n’avait pas de scribe. Alors, il s’en est foutu plein les doigts. Et il était pas content !” – “Et les astres ? Ils ont fait des progrès sur les astres ?” – “Quand je suis parti, ils envoyaient un char de 600 kilos pour détourner une étoile grande comme une pyramide. Maintenant, ils attendent ! En se caillant les miches en pullover à col roulé !” – “Ils n’ont qu’à venir dans le désert pour avoir chaud !” – “Ben non : le désert, maintenant, ils le refroidissent. Pour jouer au football dessus”.

Franchement, quand on y pense, c’est quand même beau l’évolution ! 

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