L’air du temps par Jacqueline Amiel Donat : La maîtrise des éléments de langage…

Quand les images nous montrent des familles sorties de leurs campements d’infortune, avec regroupement des hommes d’un côté, des femmes et des enfants de l’autre, à 5 h du matin dans la nuit froide parisienne, les journalistes nationaux, micro en main et en “direct-live”, répètent à l’envie les mots du préfet de police de Paris, Didier Lallement : ”c’est une mise à l’abri” !
Aaaaaah, ok, ce n’est pas une opération musclée d’évacuation ni de “purge”, c’est pour le bien de ces pauvres gens ! Où ont-ils été conduits, dans quel abri, donc ? Ça, on n’en sait rien, ce qu’on sait c’est que ce doit être un lieu bien confortable puisque la seule précision donnée – confirmée par les images – c’est que les quelques biens qu’ils pouvaient posséder ont été jetés : pauvres matelas, couvertures, casseroles, réchauds à gaz, disséminés au sol dans le dos de la journaliste de la chaîne infos occupant le premier plan. (…)
Assis sur le toit du camion à canons à eau, ce pompier qui brandissait un feu de bengale, a pris en direct une balle de LBD dans la tête, et s’est affaissé devant les caméras. C’était “proportionné”, déclare ce même préfet Didier Lallement, dénonçant la “trop grande agressivité des pompiers” et la nécessaire “charge des forces de l’ordre” qu’il avait ordonnée. Et la préfecture de Paris de tweeter “#manifestation #pompiers Le respect des règles vaut pour tous, quelle que soit la nature de la manifestation”. Aaaaaah, mais c’est que c’est dangereux de grimper sur le toit d’un camion, on l’a fait descendre car c’est interdit (…)
Alors, ce n’est pas nouveau cette manière de faire passer des vessies pour des lanternes. En Droit, il y a longtemps qu’on nous fait le coup : ainsi ne dit-on plus “plan social”, mais “plan de sauvegarde de l’emploi” même quand ledit plan aboutit au licenciement de la quasi totalité des salariés. Histoire de positiver !

… et la complaisance/docilité/ paresse des médias traditionnels ?
Qui trompe-t-on ? Pas ceux qui sont directement concernés ni ceux qui disposent des outils d’analyse. Cette manière de “travestir” la réalité ne porterait pas s’il n’y avait la complaisance/docilité/paresse des média traditionnels, véritable caisse de résonnance et, du coup, pièce maîtresse du dispositif de propagation de la “parole” du pouvoir en place.
Inutile d’ailleurs pour le président Macron et/ou son Premier ministre, de restaurer un ministère de l’Information, tutelle des grands organismes publics de communication de l’époque, ni même simplement de renforcer les pouvoirs du S.I.G. pour vérifier/rectifier le traitement par les médias de l’action gouvernementale : ils se censurent tout seuls, ils se plient et amplifient sans mesure ! Pour certains, c’est par conviction : ils approuvent et apportent leur soutien en participant ainsi à la propagande officielle. Pour les autres, c’est plus compliqué : les conditions de travail se sont durcies dans ce secteur aussi et les journalistes sont soumis à la pression de la rentabilité à tout crin – ça peut expliquer la paresse. Pour les derniers, le marché de l’emploi n’est pas ce qu’ils prétendent eux mêmes en se contentant de répéter le message gouvernemental, et là,
ça peut expliquer la docilité. Alors on comprend, on comprend… Mais on comprend surtout que lorsqu’on n’était pas sur place, il faut aller chercher l’information ailleurs ! On découvre ainsi la violence policière ordonnée par le préfet de Paris et le ministre Castaner en regardant les images, orientées, certes, mais sans commentaire, de BRUT. On comprend la complaisance judiciaire en lisant des blogs d’avocats pénalistes de renom tels que “Vu du Droit”. On comprend l’intelligence de la colère actuelle en lisant “Le vent se lève”. On découvre sur “Le Media TV” qu’au delà des coupures d’électricité dont se rendrait “coupable” la CGT Energie, traités de criminels par le Premier ministre, c’est une autre forme de grève qui a été initiée, les grévistes ayant rétabli l’électricité au nom du service public, aux 572 000 foyers auxquels cette énergie avait été retirée pour “défaut de paiement”. Et on lit L’Agri pour comprendre qu’une “alternative” à la RN 116 supposerait un choix, la RN 116 en restant une option : pas de choix, donc le simple constat de l’incompétence et de l’indifférence de nos dirigeants.

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