GDA Banyuls : des vignes en banquettes pour l’après glyphosate ?

Le GDA Cru Banyuls Albères, la Chambre d’agriculture et le CCAS de Banyuls-sur-Mer ont organisé, lundi 2 juillet, une visite technique d’une parcelle expérimentale aménagée en banquettes. Objectif, gérer les vignobles en pente dans un contexte de sortie du glyphosate.
Vue de loin, la parcelle expérimentale du CCAS de Banyuls-sur-Mer est comme ses voisines. Accrochée à un vallon, en forte pente, bordée de chênes lièges et aménagée en terrasses et agouilles traditionnelles. Sauf que… Sur chaque terrasse, des banquettes ont été créées ; la terre est creusée au pied de la murette et un remblai est réalisé, sur lequel la vigne est plantée. Un aménagement réalisé en 2011 à coups de pelle-araignée et mini-pelle. “Éric Noémie, de la Chambre d’agriculture, m’a demandé si je n’avais pas une parcelle qui pourrait faire l’affaire pour des expérimentations et nous avons lancé ce projet” explique Didier Paré, régisseur des vignes du CCAS de Banyuls. Objectif : faciliter le travail de la vigne sans utilisation de pesticides. Ce projet mené sur 50 ares conduits en bio a bénéficié de financements et a pu être suivi techniquement par la Chambre d’agriculture et le GDA. Les vignes ont été plantées à raison de 2 000 plants pour ce demi-hectare, sur moins de 40 % de pente.

Labour, gyrobroyage, plantes de talus
Côté entretien, un petit matériel adapté est nécessaire : une alternance de labour et gyrobroyage est observée. Au rang des essais annexes, plusieurs variétés de plantes (thym, romarin, ciste…) ont été plantées sur les talus. “L’objectif, c’est qu’elles tiennent la terre sans consommer trop d’eau” explique Julien Thiery de la Chambre d’agriculture. Avec des comportements très variés : “le romarin fait une réelle concurrence à la vigne”, observe Didier Paré. Au rang des curiosités, l’aptenia, une plante grasse, semble offrir des résultats intéressants. Côté paillage, différents produits ont déjà été utilisés, du naturel au biodégradable. La start-up perpignanaise Akinao fournit par ailleurs un biopesticide sous forme de mulch à titre expérimental avant une mise sur le marché.

Les coûts doublés
“Le rendement, sur cette parcelle, est de deux tonnes/hectare, mais les vignes n’ont encore que six ans”, observe Didier Paré. Quelle est la viabilité économique ? “Pour l’aménagement, le coût traditionnel est de 10 000 €/ha. Ici, il est de 20 000 €/ha”, résume Éric Noémie. “Pour l’entretien, le surcoût annuel est de 3 000 € par an. On a des rendements plus faibles que sur du traditionnel. Le coût de production va presque doubler… Il faudrait pouvoir vendre la production plus cher pour compenser.”

Des aides pour les vignobles pentus ?
Démunis face à la sortie du glyphosate, certains professionnels cherchent des solutions tous azimuts. “Sur le Clos de Paulilles, nous sommes sur un projet de pastoralisme avec plusieurs acteurs” explique Aurélie Mercier, responsable technique des vignobles Cazes. Didier Paré, bien que travaillant pour la commune de Banyuls, est tenu à une logique de rentabilité comme sur une exploitation classique. “Quand on n’aura plus de glyphosate on va faire quoi ? De toutes façons il faut commencer à penser autrement, pour notre santé et pour le sol”, martèle-t-il. “Pour pouvoir travailler comme sur cette parcelle, il nous faudrait une aide financière des institutions.” Car les aides à l’agriculture biologique ne sont pas suffisantes sur ce territoire si contraignant. Alors qu’il faut compter une centaine d’heures d’entretien en mécanique contre une seule journée en chimique, la future PAC accompagnera-t-elle les vignobles pentus comme ceux de Collioure-Banyuls ?

Fanny Linares

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