Fin des chaudières au fioul : qu’on se le dise, ce n’est pas pour demain ! [par Thierry Masdéu]
Dans le cadre du “Pacte vert pour l’Europe” que souhaite l’ensemble de ses membres afin d’arriver à une neutralité carbone d’ici 2050, le gouvernement a mis en place toute une série de mesures comme la suppression sur le marché de chaudières émettant plus de 300 g de CO2eq/Kwh PCI. Aussi, depuis le 1er juillet 2022, toute nouvelle installation d’équipements de chauffage ou de production d’eau chaude fonctionnant au fioul 100 % fossile ou au charbon est désormais interdite, sauf en cas d’impossibilité d’usage d’autres sources énergétiques.
Plus de 4 millions de foyers et bâtiments, sans compter les structures à usage professionnel comme les serres agricoles, sont concernés. Néanmoins, le décret paru au journal officiel du 6 janvier 2022* n’interdit ni l’arrêt, ni les réparations, ni l’entretien des anciennes chaudières, voire même, selon les cas, l’installation dérogatoire d’équipements neufs ne respectant pas ce seuil d’émission carbone. Ce message, les artisans chauffagistes n’ont de cesse de le rappeler auprès de leur clientèle fioul, un peu désorientée par les promotions d’aides financières qui incitent et martèlent au remplacement des chaudières par des pompes à chaleur ou autres dispositifs. D’autant que, bien souvent, le coût que représente le reste à charge n’est pas à la portée de tous les budgets. Un soulagement pour ces utilisateurs qui, en milieu rural, n’ont pas d’autres choix énergétiques et apprécient le confort sécuritaire de cette source à chaleur.
Pour pallier à cette nécessité, tout en atténuant l’empreinte carbone, les chaudières à fioul vont pouvoir aussi bénéficier d’un biocombustible, le biofioul de type F10 et F30 (aussi appelés B10 et B30). Un mélange composé de fioul traditionnel auquel on ajoute un biocomposant EMC (ester méthylique de colza) à hauteur de 10 % pour le premier et de 30 % pour le second. Ce biocombustible, qui pour l’heure se fait attendre, pourrait aussi, en comparaison de la montée du prix spectaculaire du fioul domestique, s’avérer économiquement plus avantageux.
Des évolutions et des alternatives
Une solution que Dominique Chanteau, président de la section plomberie à la CAPEB66, entrevoit comme une belle opportunité pour tous les utilisateurs de chaudières au fioul. “Les textes de loi ont pris du retard et les approvisionnements devaient déjà être mis en place depuis le début d’année ! Mais j’ai bon espoir et ce nouveau biocombustible devrait rapidement être disponible” souligne l’artisan chauffagiste, basé à Espira-de-l’Agly. “Dans le cas où un client ne souhaiterait employer que du biofioul F30, il suffira de remplacer uniquement le brûleur de sa chaudière sans toucher au reste de l’installation ! Toutefois, même si, théoriquement, les anciens brûleurs ne seraient pas adaptés, je n’écarte pas, en effectuant des réglages, d’obtenir une compatibilité pour respecter les nouvelles normes d’émissions de CO2 !” tient à préciser ce professionnel spécialisé sur tous types de chaudières et marques. Autre avantage, en cas de rupture de ce biocombustible, le fonctionnement de la chaudière pourrait toujours être assuré avec du fioul traditionnel ! Dans un contexte où l’on annonce pour cet hiver des coupures et délestages d’électricité, le fioul, classé 3e énergie de chauffage en France, reste sans équivoque le combustible pour répondre au tiers des besoins en caléfactions.
Selon les dernières données de GRDF, communiquées à ce représentant de la CAPEB66, l’hiver dernier, les pics des niveaux de consommation fournis en France ont atteint les 85 gigawatts (GW) pour l’énergie électrique, 105 GW pour le gaz et 110 GW concernant la biomasse et le fioul. Des chiffres qui viennent conforter son résonnement que le tout électrique est une totale hérésie. “Lorsque l’on entend le gouvernement et certains écologistes qui préconisent de basculer au tout électrique, ce n’est pas réaliste, même en 2050 !” D’ici là, après cette nouvelle venue sur les marchés du biofioul F30 et F10, le calendrier prévoit, en 2028, le déploiement d’un biocombustible contenant 55 % d’énergie renouvelable. Une deuxième étape dans la course à la décarbonation qui annonce l’arrivée, en 2032, d’un combustible bioliquide 100 % renouvelable, le F100. Une évolution sur l’alternative au fioul domestique qui se généralisera à l’horizon 2040.
Contact Dominique Chanteau : 04 68 64 00 43 – 06 82 85 04 20