Et si Macron ne se représentait pas ? (Par Jean-Paul Pelras)
À défaut de savoir vraiment quand se tiendront les élections régionales et départementales pour ce millésime 2021, nous saurons (peut-être) bientôt quand se dérouleront les élections présidentielles de 2022. Si l’on s’en réfère aux pronostics du moment, la République pourrait donc faire l’économie d’un premier tour et passer directement au second avec un ticket Macron – Le Pen qui pourrait assurer le spectacle, pour ainsi dire à guichets fermés. Scénario redouté par toutes celles et ceux qui aiment les jeux de hasard et croient encore en la providence des démocraties. Car bien évidemment, depuis que l’actuel locataire de l’Élysée a fait imploser les partis politiques, il n’y a plus de suspens au bout du suffrage. Seulement l’alternative d’un “vote utile” qui renverrait Marine à Montretout et laisserait Emmanuel au Château pour cinq années supplémentaires.
Seulement voilà, en admettant que l’actuel premier d’entre nous puisse terminer son mandat sans difficulté majeure, le bail suivant pourrait s’avérer bien plus délicat. Quand ce rabiot de 4 380 jours pourrait être celui de tous les dangers pour le candidat qui, lors de sa précédente mission, sera parvenu à cristalliser bien trop de rancœur et d’indignation. Petites phrases blessantes, suffisance, mépris, cafouillages, gestion hégémonique ou empirique des crises sociales et sanitaires… Que retiendra l’histoire du mandat de ce jeune homme adoubé sans même avoir siégé au conseil municipal d’un village de vingt habitants ? Si ce n’est le soutien de la finance à celui dont elle fit son impétrant. Rajoutons à cela le spectre des législatives (et celui d’une probable cohabitation) avec des députés macronistes tellement inexistants qu’ils risquent de ne jamais être inquiétés par le renouvellement de l’exploit.
Me vient alors ce mot “sacrificiel”, employé voici quelques semaines par l’un de mes confrères éditorialistes qui vantait le dévouement de notre Premier ministre. Car pour éviter ce “drame”, cette “hécatombe” annoncée par les oracles du moment qui voient, avec l’éventuelle arrivée du Rassemblement National au pouvoir, la fin des temps républicains, il faudrait que Macron se sacrifie. Autrement dit qu’il ne se représente pas.
Une alternative qui verrait le retour des classiques “Gauche” et “Droite” et le panache des vraies compétitions
Par voie de conséquence, nous assisterions au retour des contre-pouvoirs et des mouvements politiques traditionnels. Ceux qui ont fait long feu dans le grand ménage de 2017, quand, une fois l’eau du bain évacuée, il fallut supporter les inconséquences d’un nouveau-né, soi-disant précoce pour la marche, mais incapable d’avancer. Le néo-monde ayant montré ses limites avec, comme dans le précédent, son lot de passe droits, de 49-3, de justiciables, d’entre soi, de gabegies, de somptueuses dépenses, d’inconséquences et d’énigmatiques atermoiements.
Une alternative qui verrait le retour des classiques “Gauche” et “Droite” avec leurs éternels satellites préprogrammés pour les alliances du second tour et les habituels extrêmes qui devraient, ici, revoir leurs copies. Tout simplement car le vote utile, celui qui en cas de duel Le Pen-Macron ferait le jeu de l’abstention, pourrait bien, au cas où l’actuel président ne briguerait pas un second mandat, renouer avec l’engouement des suffrages et le panache des vraies compétitions.
En d’autres termes, la France retrouverait cet espace dédié au débat qui fait s’empoigner, de façon on ne peut plus classique et presque rassurante, ceux qui pensent qu’il faut soutenir les salariés parce qu’ils font vivre l’entreprise et ceux qui pensent qu’il faut soutenir l’entreprise car elle fait vivre les salariés.
Quant à Emmanuel Macron, exonéré d’une campagne chronophage et certainement très éprouvante, il pourrait se consacrer pleinement au solde de la crise actuelle. Débarrassé des oripeaux de l’Olympe, notre Jupiter des temps modernes pourrait même espérer, allez savoir, un retour en grâce auprès des Français.
Jean Paul, as-tu envisagé le cas où notre cher président, crise sanitaire oblige, reporterait les élections présidentielles ad vitam aeternam ???
Bises de Noël et moi.