Entreprises du bâtiment : l’heure de la reprise et des contraintes
Après un mois et demi d’arrêt quasi complet de l’activité, l’ensemble des entreprises du bâtiment tente de reprendre le cours normal des chantiers.
Publiée le 2 mai dernier, l’enquête de la Fédération française du bâtiment faisait déjà apparaître, fin avril, une reprise complexe et inégale suivant les régions, avec une moyenne de 33,3 % du niveau de l’activité. Malgré la mise en place des aides de l’État, comme l’activité partielle, l’ensemble de la filière déplore une perte de près de 10 000 emplois et doit faire face maintenant à un surcoût de production de plus de 10 % (selon les premières évaluations) pour respecter les conditions sanitaires définies par l’OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics). Des mesures qui, suivant les marchés (bien souvent publics), si elles ne font pas l’objet d’une clause de revoyure financière, vont paralyser les chantiers. “Aujourd’hui, la première des règles c’est d’ouvrir le parapluie le plus grand possible pour se protéger au maximum !” Déplore Fabrice Doberva, co-gérant, avec son épouse Laetitia, de l’entreprise FL Échafaudage qui est tributaire des maîtres d’œuvres qui négocient les marchés. “Quand vous avez certaines demandes de la part des pouvoirs publics ou de maîtres d’ouvrages, complètement farfelues et impossibles à tenir, et bien à un moment donné, les entreprises mettent un gros coup de frein, en disant « attendez, ce que vous nous demandez, c’est juste inconcevable à mettre en place, surtout dans les tarifications qui ont étaient prévues au départ » !”
Frein sur les investissements
Une renégociation indispensable pour freiner les pertes d’emplois et garantir la viabilité des entreprises. C’est ce qui semble se profiler avec le plan de reprise, présenté par la FFB, en lien avec la FNTP, lors de plusieurs réunions avec le gouvernement. Si pour l’heure Fabrice et Laetitia apprécient la fin du confinement, cette crise sanitaire a sérieusement compromis leur projet d’extension : “Nous avions des objectifs d’agrandissements. Nous souhaitions créer une troisième équipe et investir dans du nouveau matériel. Mais actuellement, la raison nous impose de suspendre, de reporter, voire d’annuler ces projets. Qu’on le veuille ou non, les semaines qui se sont écoulées vont laisser des traces et avec la menace qui plane d’une deuxième vague de contagion, la période qui s’annonce risque aussi d’être celle de toutes les craintes.”
Thierry Masdéu