Eau : le système D, en attendant… [par Yann Kerveno]

Les restrictions qui pèsent sur le monde agricole bouleversent les habitudes de travail et obligent à avoir recours, parfois, au système D ou aux investissements.

Le concombre est une production très dépendante de l’eau. Les plantes sont arrosées et nourries en quasi-permanence et la moindre rupture d’irrigation peut se révéler dramatique pour la culture. S’il est anxieux de nature, Manuel Gonzales n’avait pas besoin de cette pression pour ne plus trouver le sommeil. Mais il se réjouit d’avoir installé en bordure de son hectare de serre, à la sortie d’Ille-sur-Têt, une cuve de 70 mètres cubes pour remédier à tout défaut d’approvisionnement de l’ASA. C’est ce qui le sauve, pour l’instant, cette année.
“J’ai acheté un vide-cave et je remplis la réserve avec l’eau de l’agouille dès qu’il y en a” explique-t-il. “C’est pas mal de travail en plus parce que l’eau n’est pas aussi propre que celle de l’ASA, ça bouche les systèmes d’irrigation très régulièrement.” Pour autant, cette réserve tampon ne lui offre qu’une protection minime : deux jours d’arrosage, au plus. S’il ne parvient pas à remplir la cuve, c’est la fin, très rapidement. “Avec le concombre, en deux jours sans eau, on perd tout” ajoute-t-il. Dont l’investissement dans les plants, 20 000 euros pour son hectare de serres, et les fertilisants qui aideront la plante à croître et produire.

Les porcs ont soif

Alexandre Tora

À Eus, Alexandre Tora a aussi investi dans deux “vessies”, des réserves d’eau souples qui lui permettront de stocker 100 mètres cubes. “Il faut que je puisse stocker pour assurer la survie des animaux. Une truie allaitante, c’est 50 litres par jour, un porc à l’engraissement, plus de 20 litres. Avec les vessies, je vais avoir un peu de marge.” Une marge appréciable puisque l’eau de son canal est maintenant partagée avec celle des canaux de la plaine et l’eau coule donc moins souvent… “Je suis solidaire, il n’y a pas de problème, mais je me retrouve du coup sans eau quatre jours d’affilée.” Et après, si ça empire ? “Je ne sais pas. Je ne me vois pas mettre de l’eau potable aux cochons. Mais si je fais tout abattre, j’en ai pour un an et demi à me remettre. Tout en étant contraint d’assumer mes annuités.”

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