Des vignes pour faire des hauts rendements au Sud de Perpignan ?

Au départ il y a le lac de Villeneuve de la Raho, prévu pour irriguer 3 000 hectares mais qui n’en sert que 1 000, à vue de nez. Puis il y a la volonté soupçonnée du Conseil départemental de réduire le volume d’eau attribué à l’agriculture, 5 millions de mètres cubes aujourd’hui. “Ce n’est pas parce qu’on n’utilise pas ces contingents aujourd’hui que nous n’en aurons pas besoin demain” s’insurge Philippe Bourrier, président du Conseil interprofessionnel des vins du Roussillon. “En plus, ce sont des espaces qui sont largement en friche, qui sont donc disponibles pour des cultures !”
Pour Philippe Bourrier, l’occasion est belle de jeter un pavé dans la mare, ou plutôt le lac. “Et si nous nous servions de ces terres et de cette eau pour planter de la vigne et répondre à des marchés porteurs ?” Dans son esprit, il est bien question de mettre en place des vignobles à fort rendement pour répondre aux marchés d’entrée de gamme et d’IGP en rosé en particulier. “La France importe suffisamment de vins de ce type-là pour que nous continuions de passer à côté de cette opportunité.” Pour le président du CIVR, c’est toute une filière nouvelle qu’il faut construire, en s’affranchissant des schémas qui prévalent habituellement en viticulture. “Nous parlons bien là de vignoble à haut rendement, possiblement basés sur des cépages résistants. Ce sont des vignes qui pourraient être conduites par des arboriculteurs ou des maraîchers qui sont des grands professionnels quand il s’agit de faire pousser des fruits. Ils ne sont pas venus à la vigne jusqu’ici parce qu’ils ne voulaient pas vinifier et pouvaient être rebutés par les modalités de paiement des vins. Mais là il faut changer de façon de faire, on parle bien de faire pousser des fruits, des raisins, qui seront vendus aux coopératives qui en ont besoin pour leurs vinifications”.

6 M € à investir pour 300 hectares…
Pour le président du CIVR, l’intérêt est en effet double. D’une part, les vignes préserveraient des espaces agricoles dans une zone largement délaissée et les volumes générés pourraient être traités par les caves coopératives dont les outils sont sous employés. Avec, à la clé, une réduction des coûts de structures qui plombent les bilans des coops aux outils aujourd’hui surdimensionnés. “Ce qui est dommage c’est qu’aujourd’hui nous sommes obligés de prendre des jus de qualités pour servir ces marchés.” Calculette en main, Philippe Bourrier poursuit. “Imaginons que nous commencions modestement, avec 300 hectares, à 20 000 euros l’hectare, cela fait un investissement de 6 M €, ce n’est pas la mer à boire quand le département envisage d’invertir 500 M €. Avec des rendements de 100 à 140 hectolitres on aurait vite des volumes assez conséquents pour 6 millions de bouteilles pendant 30 ans.” Reste maintenant à trouver l’argent, mettre en place l’animation foncière idoine et convaincre les propriétaires que toute spéculation foncière sur cette zone est inutile.

Yann Kerveno

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