Déconfinement : l’ombre des doutes pour les bistrots !
Se délecter et humer les arômes d’un bon arabica chez son cafetier préféré reste, pour l’instant, chose indéfiniment prohibée. Tel un péché capital, l’échéance de satisfaire et de partager ce plaisir, seul ou entre amis, n’en finit plus d’arriver.
Abstinence, préconise encore pour notre santé le Premier ministre, Édouard Philippe, qui, lors de la présentation à l’Assemblée du plan de déconfinement, laissait tout de même entrevoir une perspective de réouverture des bars et restaurants pour le mois de juin. Lueur réelle d’espoir, ou simple sous-entendu pour contenir l’impatience, l’anxiété et, parfois, la colère de tout une corporation de professionnels, qui ont toujours du mal à comprendre pourquoi ils sont les exclus de la date du 11 mai ?
Un besoin économique pressant, pour certains vital, qui remet en question la viabilité de bon nombre d’établissements comme le “Café l’Houstalet” à Olette. Lequel accusait déjà, bien avant les mesures de fermetures générales du 14 mars, une baisse du chiffre d’affaires de 80 %. “Vous savez, le bar d’Olette a toujours était un point d’étape pour les usagers de la RN 116. Mais depuis les premiers effondrements de la chaussée au niveau de Villefranche, fin 2019, et le glissement de terrain en février dernier à hauteur de Sauto qui a entrainé la fermeture de la route, ces évènements ont très lourdement impacté mon commerce !” tient à rappeler Denis Kouba qui a repris la gérance en février 2019. “De plus, avec ce virus et le flou qu’entretient le gouvernement sur la date et les conditions de reprise pour notre secteur d’activité, c’est une triple peine, et cela ne fait qu’aggraver nos chances de sortie de crise sans trop de casse ! Ma salle de café est vaste, j’ai une grande terrasse, je peux combiner facilement l’espace pour respecter les distanciations sociales ! Alors que certaines boutiques qui vont être autorisées à rouvrir le 11 mai n’auront pas cette souplesse, c’est totalement incohérent ! J’en arrive même à penser, que la nouvelle surprise sera une annulation du déconfinement le 11 mai prochain et qu’il sera repoussé à juin…”
“Nous ne sommes pas des enfants”
Bien que pour Thomas Trainini, gérant du café “Arena Bar” de Perpignan, la mesure qui l’empêche d’ouvrir le 11 mai soit essentiellement motivée par le fait que le public fréquentant son établissement soit plutôt une clientèle stagnante et non fluide comme celle des boutiques, il souhaiterait que la communication de l’État soit moins infantilisante : “On le sait maintenant, avec la gestion des stocks de masques le gouvernement s’est planté ! Il aurait du simplement le reconnaître… Nous ne sommes pas des enfants, nous sommes des adultes, on réfléchit et nous sommes en capacité de comprendre certaines choses ! Et puis souvent comme l’on dit : faute avouée, à moitié pardonnée… Plus que jamais nous avons besoin de vérité ! Ce sera plus rassurant pour avancer sereinement, conjointement et en confiance durant cette période de crise”. Comme une ligne d’horizon qui recule au fur et à mesure que l’on avance, ce manque de clarté engendré par l’exécutif commence à peser lourd sur les consciences de ces chefs d’entreprises, qui souhaiteraient plus de sincérité.
Thierry Masdéu