Clubs de plages : le spectre des “100 kilomètres”
Bien que l’accès aux plages soit toujours interdit par les mesures du confinement, depuis début avril, le préfet des Pyrénées-Orientales, Philippe Chopin, a donné l’opportunité aux plagistes de monter leurs clubs de plages.
Si certains, comme sur la plage de la commune de Torreilles, ont installé les équipements, d’autres, par prudence, préfèrent avoir un horizon moins flou sur la date d’une permission d’ouverture, et sur les conditions et règles du déconfinement. Des annonces qui, selon les professionnels du loisir, des cocktails et de la restauration de plage, tardent trop à venir. “Aujourd’hui la question qui se pose est la suivante : est-ce que la saison estivale va être rentable ?” s’interroge Érik Mullie, président de l’association “Les Plagistes de Canet en Roussillon”, “une fois que l’on installe les infrastructures, le robinet est ouvert et les dépenses fusent !” Avec, en moyenne, des coûts de montage et démontage qui avoisinent les 30 à 40 000 € par établissement, l’ensemble des dirigeants des 18 clubs de plage de cette station balnéaire espèrent aussi une modification des dernières règles de déplacements de la population, notamment pour leur clientèle toulousaine. “Même si l’on travaille correctement avec nos clients locaux, souvent hors saison, les limitations de déplacements annoncées sur un rayon de 100 kilomètres vont lourdement affecter notre chiffre d’affaires. Si ces restrictions persistent, nous n’atteindrons pas les volumes à l’échelle d’une saison comme son nom l’indique, car notre rentabilité est basée sur la densité des vacanciers et le mois d’août est notre plus gros pic de fréquentation”.
Grosses pertes sur le printemps
Pour la majorité des saisonniers, cette activité représente leur unique ressource de l’année, recettes qui ont déjà subi une amputation. “Pour les mois d’avril et mai, qui sont les ailes de saison, nous avons déjà perdu un chiffre d’affaires conséquent” tient à souligner le président. “Espérons que nous ne perdions pas aussi juin, car ces mois manqués ne seront en aucun cas compensés par une hausse de fréquentation en juillet et août, qui est déjà très haute”. L’autre inconnue que déplorent les plagistes réside sur l’afflux habituel sur nos côtes des touristes étrangers qui semble, pour cette saison estivale, fortement compromis. Avec la projection d’un scénario de filtrages et régulations d’accès aux clubs de plage, de circulation interne, de signalétiques, de distanciations sociales, de ports de protections et de désinfections des équipements, les plagistes l’affirment, ils sont prêts à relever ce nouveau défi, encore faut-il qu’ils aient au plus vite les cartes de la planification gouvernementale.
Thierry Masdéu