Banyuls : augmenter le prix du kilo de raisin [par Yann Kerveno]
Dans sa globalité, le système coopératif du cru ne parvient pas à atteindre une rentabilité suffisante. Le GICB, principal opérateur de l’appellation, n’échappe pas à ce constat. Il faut agir mais les marges de manœuvre sont étroites…
Pour sortir de l’ornière, le GICB compte sur plusieurs leviers actionnés simultanément. Le premier, l’ordre n’importe pas, c’est de parvenir à retrouver de la compétitivité avec notamment un changement d’ossature informatique. Le deuxième, c’est de réévaluer le prix du raisin. Le troisième, faire tourner les installations du Mas Ventous à leur potentiel. Laurent Barreda, président de la coopérative, dresse son propre constat : “Nous avons vendangé 11 000 hectolitres cette année, c’est 20 % de moins que l’an dernier, qui était déjà une petite année. Et nous supposons que les volumes vont continuer de diminuer dans les années à venir avec les départs en retraite, le manque d’investissement dans le vignoble, les augmentations de coût de production… Au bout du bilan comptable, on ne s’y retrouve pas… Pour inciter les gens à se mettre ou se remettre à la viticulture, il faut que nous augmentions le prix du kilo de raisin. Nous savons, avec l’étude, que le coût de production d’un kilo de raisin est d’environ 2,50 euros pour les caves coopératives et nous le rémunérons 1,70 euro”. La marche est haute.
Marque phare Terres des Templiers
Pour relever ce challenge et assurer la pérennité de l’entreprise, un plan d’action a été mis en place qui passe en premier lieu par le changement du système informatique. “Cela doit nous permettre d’être plus efficaces, de mieux pouvoir travailler avec les 50 000 personnes qui passent dans nos caveaux de vente chaque année. Et nous devons aussi développer la vente par internet ou avec notre système actuel. Nos 150 représentants sont loin de couvrir toute la France, nous ne sommes pas présents dans les grandes agglomérations, ni à Paris, ni à Lyon, ni à Marseille… Nous ne couvrons peut-être que 20 à 30 % du territoire français. Nous avons également entrepris de rénover nos boutiques et nous réfléchissons à une implantation à Paris.”
Au-delà des moyens de commercialisation, la cave va revoir aussi ses marques et ses produits. “Nous avons aussi décidé d’en finir avec le vrac et de concentrer nos efforts sur notre marque phare, Terres des Templiers. Nous garderons un peu de Collioure mais en haut de gamme et nous consacrerons l’essentiel des efforts sur les Banyuls. Pour faire tourner le Mas Ventous, nous allons aussi aller acheter des vins ailleurs. Notre cave est équipée pour produire 18 000 hl par an et, vous l’avez compris avec les chiffres de la vendange 2022, nous sommes loin du compte. C’est pour cela que nous voulons donc aller acheter du vin en France ou à l’étranger, des produits qualitatifs que nous serons capables de bien valoriser sous notre marque Terres de Templiers.”
Produire ses propres raisins ?
Pour limiter la déprise, la cave se projette aussi comme apporteur de raisins en reprenant des vignes et en les faisant travailler à façon. “L’objectif, c’est de parvenir à une quarantaine d’hectares, voire plus si nous avons la capacité à le faire” ajoute Laurent Barreda. Et financièrement, comment se porte le GICB ? “Nous sommes toujours sous la coupe du plan de sauvegarde qui nous contraint de rembourser 500 000 euros par an. Nous nous y tenons depuis trois ans et parvenons à sortir un bilan positif avec un chiffre d’affaires de 15,50 M € au cours du dernier exercice. Il nous reste six ans avant d’avoir épuré cette première dette de 5 M € étalée sur 10 ans, il restera ensuite 13 M € à régler.
En attendant, nous cherchons des investisseurs pour nous aider à avancer… Il faut aussi peut-être que tout le monde se mette autour de la table pour discuter, nous maîtrisons nos dépenses, nous avons fait des efforts en débloquant le compte coopératif pour améliorer la rémunération, cela nous aiderait si l’on pouvait réaménager ou rééchelonner la dette.” En attendant, la cave cherche des investisseurs extérieurs pour gagner un peu de temps sur le redressement.
Lire aussi : Banyuls : les chiffres ne font pas de concession
Ping : Banyuls : les chiffres ne font pas de concession [par Yann Kerveno] - L'agri