Loup : oui, l’Office français de la biodiversité ment !

Le 22 octobre 2021, en déplacement en Savoie, Christiane Lambert, présidente de la Fnsea, affirmait à propos du nombre de loups présents sur le territoire français : “l’Office français de la biodiversité nous ment”.

Notre collectif d’associations d’éleveurs ne peut que se réjouir de cette déclaration puisque nous avions déposé un recours au Conseil d’État il y a trois ans, contre les arrêtés liés au plan loup 2018-2023 et principalement sur la méthode de comptage, pour dénoncer un effectif de loups sous-estimé. Malgré les déclarations des préfets, M. Bouillon, en 2018, qui nous confirmait déjà que la méthode allait être revue et M. Celet, dans la Drôme en 2020, qui affirmait qu’il fallait revoir la méthode de comptage, le Conseil d’État a, sans surprise, rejeté notre requête, les enjeux politiques prenant le dessus sur les données scientifiques et la réalité du terrain !

Affirmer que l’OFB ment ne se fait pas à la légère et c’est en raison de preuves nombreuses que nous nous permettons de le dire haut et fort ! Pourtant l’OFB, dans un article de France 3 du 14 novembre, confirmait par la voix de Loïc Obled, directeur général délégué, que le chiffre de 624 loups était le bon. Ce dernier, souhaite aussi une implication de la part des éleveurs et chasseurs pour faire remonter des indices qui permettent le comptage, mais regrette “… une rupture de confiance, ils ne sont plus actifs, c’est dommage”. La raison de la rupture de confiance s’explique, entre autres, par un comptage vicié que ne peut ignorer l’OFB et dont nous vous résumons quelques points ci-dessous :

1) Analyses génétiques
• Les analyses génétiques que nous avons pratiquées sur les animaux attaqués ont révélé des individus différents suivant les attaques, prouvant ainsi la présence de plusieurs individus là où un seul est officiellement répertorié.
• En publiant la liste de ses analyses génétiques, l’OFB a permis de dénombrer en 2019, sur une partie du territoire, 668 loups alors que tous ne sont évidemment pas analysés !
• De plus le refus de l’OFB de pratiquer des prélèvements salivaires sur les carcasses d’animaux prédatés, contrairement à la Belgique, au Luxembourg, à l’Allemagne ou encore la Suisse, ne permet pas d’optimiser le recensement de la population lupine.

2) Les observations sur le terrain par les éleveurs et chasseurs dénombrent plus de loups que l’OFB. Un département en exemple, la Drôme ; la Fédération des chasseurs de la Drôme comptait en 2018, grâce à de multiples observations et une étude approfondie, entre 70 et 90 loups là où l’OFB en comptait 38 !

3) Le relevé d’indices pour le comptage est en partie basé sur les empreintes dans la neige, mais aujourd’hui le territoire des loups couvre des départements où la neige est absente, de plus elle est moins fréquente qu’auparavant pour d’autres.

4) L’OFB met en avant la présence de 4 000 collecteurs d’indices, mais dès 2013 l’association de défense des loups Férus demandait à ses sympathisants “correspondants loup”, formés pour recueillir les indices de présence des loups, de ne plus les transmettre et même de les détruire (et malgré cela toujours invitée au Groupe national loup). Cette information étant publique, l’OFB ne peut l’ignorer. Cette même association, le 22 novembre 2021, ose co-signer avec France Nature Environnement et la LPO un communiqué demandant de la “méthode scientifique” dans le comptage des loups, eux qui entravent la science en détruisant les indices de présence !

5) La méthode loin d’être fiable : C’est à partir de l’EMR, et du CMR combinés que découle l’indice pseudo CMR qui permet d’estimer le nombre d’individus. La méthode EMR (Effectif minimum retenu) est basée sur la collecte d’indices, dont nous avons vu qu’elle n’était pas juste, notamment à cause du manque de neige et de l’appel à destruction des indices.
La méthode de type Cmr (Capture marquage recapture), qui est utilisée pour d’autres espèces, est peu fiable dans le cas des loups car ce n’est pas l’individu qui est capturé mais des excréments. Et les excréments sont un des supports les plus difficiles à analyser génétiquement pour retrouver de l’ADN, le taux d’échec étant très élevé puisqu’un quart des échantillons n’est pas utilisable. De plus les délais pour l’analyse de la méthode CMR sont de deux ans.
Pour pallier ce délai a été mis en place l’indice pseudo CMR qui associe les deux méthodes EMR et CMR. Deux méthodes d’estimation des loups, un peu hasardeuses qui, même combinées, ne peuvent pas donner des résultats probants !

6) Nous constatons aussi que la taille des territoires de meute est régulièrement agrandie par l’OFB ne compte qu’une meute sur une très grande surface quand la réalité montre deux meutes sur des surfaces plus petites, ce que nous avons pu constater en Savoie. L’autre technique est d’oublier des ZPP (Zone de présence permanente) dans des zones où les loups sont présents depuis au moins deux ans. Les exemples sont nombreux.

7) Une autre sous-évaluation du nombre de meutes, dans un secteur des Alpes de Haute Provence, a été mise en évidence par le Cerpam et l’INRA en 2016 dans son étude “Quand les loups franchissent la lisière”.

8) Des études scientifiques mettent en avant un comptage lacunaire :
• L’étude de Droesbeke, Gilbert Saporta et Christine Thomas-Agna, qui annonce une sous-estimation d’un minimum de 40 % du comptage de l’OFB. (Modèles à variables latentes et modèles de mélange -2013)
• Deux sociologues Céline Granjou et Isabelle Mauz mettent en avant : “L’ ONCFS seul maître à bord, absence de contrôle extérieur, partialité des collecteurs d’indices, dysfonctionnement, limite des biomathématiques…”
• Laurent Garde du Cerpam, docteur en écologie qui s’interroge : “En explorant la littérature scientifique européenne et en prenant les surfaces occupées de façon permanente par les loups en Espagne, en Italie et en France – trois pays comparables – j’obtiens des densités doubles de loups en Italie et en Espagne par rapport à la France.”

9) Enfin, une étude de l’ONCFS en 2013, signée par M. Marboutin et M. Duchamp, intitulée “Gestion adaptative de la population de loups en France…” reconnait les faiblesses de la méthode notamment du fait que les individus détectés le sont uniquement en ZPP, excluant ainsi tous les individus hors ZPP (loups en dispersion ou loups sur territoires non reconnus ZPP). Ceci explique peut-être la fourchette aberrante, qui confirme une fois de plus des méthodes de comptage qui ne sont pas sérieuses, l’OFB donnant un nombre de loups situé dans un intervalle de 414 et 834, soit du simple au double !
Voilà donc des éléments importants sur lesquels tous les responsables pourront se pencher afin de répondre à l’appel du Premier ministre qui estime qu’il y a un problème dans le comptage et affirme : “C’est incompréhensible. Il faut que nous remettions de l’ordre parce que, au-delà des drames personnels que cela occasionne pour les agriculteurs, on aboutit à des situations de conflit qui ne sont pas saines”. (Le 6 novembre 2021 – Congrès des maires de Haute-Savoie.)
Malheureusement, à l’image d’un comptage résolument faussé, nous pouvons affirmer que toute la gestion du dossier loup est du même ordre : manque de transparence, vérités cachées et mensonges dans l’unique but de laisser se développer ces prédateurs au détriment de l’élevage de plein air. C’est donc bien une réforme en profondeur qui doit s’opérer pour “remettre de l’ordre” dans un dossier où l’omerta est malheureusement la règle depuis 30 ans !

Communiqué du Collectif Pâturage et Biodiversité du 24 novembre 2021
L’AEBV, Association des éleveurs et bergers du Vercors
Le Cercle 12, Association des éleveurs de l’Aveyron
Association Préservons nos troupeaux des loups en Limousin
L’Os Charollais
L’ASEB 71 Association de la sauvegarde de l’élevage et de la biodiversité
Collectif L113

* Toutes les informations sont vérifiables sur le site : https://leloupdanslabergerie.fr

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