Lettre à Jean Lassalle qui reste un homme libre

Jean,
Les banques ayant refusé de te prêter l’argent nécessaire, soit un million d’euros pour pouvoir prétendre à ce suffrage, tu ne seras donc pas candidat aux élections européennes. Nous le savons, depuis juillet 2017 quand, du côté d’Aix en Provence, le président nouvellet s’est fait sermonner par le Cercle des économistes pour avoir tenté de réinstaurer l’ISF, la finance n’apprécie guère les électrons libres et préfère miser sur ceux qui renvoient toujours l’ascenseur. Nonobstant cet écueil économique si peu démocratique, à bien y regarder comme “la non demande en mariage” de Brassens, la “non candidature de Lassalle” est peut être une chance pour celles et ceux que tu défends et qui te soutiennent. Car, débarrassé des oripeaux de la compétition, tu retrouves cette liberté qui fait de toi ce député inclassable et incontrôlable. De surcroit, voilà que paradoxalement ton “éviction” a de quoi inquiéter ceux qui ne te considèrent pas comme un rival, mais plutôt comme un réservoir de voix. Quand, sur ce coup-là, les bénéfices de ton capital sympathie ne reviendront pas aux professionnels du bulletin de vote. Lesquels devront se passer de tes services dans cette arène où les médias et les sachants lutéciens considèrent avec condescendance celui qui se lève dans l’hémicycle pour entonner un chant pyrénéen, qui, outrage suprême, ose endosser un gilet jaune sur les bancs de la même Assemblée, qui sauve une entreprise en menant une grève de la faim, qui conduit une motofaucheuse torse nu, un mouchoir noué sous le béret, dans quelques prés béarnais. Et, comble du parjure, qui s’offre les services de trois curés pour une seule et même sépulture.

Finalement les banquiers t’ont peut être rendu service…
“Mon père était un chercheur d’or, l’ennui c’est qu’il en a trouvé” nous disait Brel dans “L’enfance”. Évidemment, plus berger qu’orpailleur, ta quête se situe bien loin de ces “comités d’admiration mutuelle” où seule compte l’investiture qui permet d’accéder au graal politicien. Mais, finalement, de quoi et surtout de qui ont besoin ceux qui adhèrent à ton combat, si ce n’est d’un messager en qui ils peuvent avoir confiance et auquel ils peuvent s’identifier. Élu à Bruxelles, “dilué” parmi 751 députés, eux-mêmes influencés par les lobbies et le dogme d’une technocratie inamovible, tu serais devenu ce parlementaire enserré dans une camisole administrative dont la plupart ne peuvent se dépêtrer.
En résumé, les banquiers et ceux qui les ont conseillés t’ont peut être rendu service, puisque tu n’iras pas en Belgique et que tu restes au pays pour défendre notre ruralité. Comme un intercesseur du bon sens, comme un passeur d’émotion qui refuse, une bonne fois pour toutes, de tricher avec la sincérité.
Amitiés Jean. Et à bientôt.

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