Amen ! [par Jean-Paul Pelras]

“Pour qui appellerez-vous à voter le 24 avril ?” Comme je l’avais écrit précédemment, c’est la question qu’il aurait fallu systématiquement poser à chaque candidat lors de cette campagne électorale. Nous aurions pu ainsi passer directement au second tour, gagner du temps et prendre une bonne fois pour toutes la mesure de l’hypocrisie et de l’incurie politicienne.

Mis à part Jean Lassalle et Nathalie Arthaud, chacun y est donc allé, quelques secondes seulement après la proclamation des résultats, de son petit conseil, plus ou moins spontané, plus ou moins appuyé, incitant, mis à part concernant Dupont Aignan et Zemmour, à voter Macron. Et voilà que nous retrouvons le scénario de 2017. Avec cette nuance près ; cette fois-ci nous connaissons Macron. Et nous nous souvenons de son quinquennat, de ses petites phrases condescendantes, de son mépris de classe, de sa gestion calamiteuse du déficit public, de celle du commerce extérieur, de l’effondrement du système de soin, de celui de l’éducation, de la paupérisation croissante du monde rural, du quoi qu’il en coûte électoraliste, de la gestion hasardeuse et empirique de crises sanitaires et sociales qui divisèrent les Français, des perspectives d’une retraite sans cesse repoussée, de la confiscation du débat démocratique, de la chute du pouvoir d’achat, de la maitrise subventionnée des médias, de la privation des libertés, des affaires Benalla, Mimi Marchand, MacKinsey … Et des frasques d’un président qui confond la solennité de la République avec les brimborions de la variété.

Ce que je viens d’énumérer, ce n’est pas le constat à charge dressé par un éditorialiste. Mais tout simplement celui qui fut utilisé par les protagonistes d’une élection où chaque candidat s’employa méticuleusement à critiquer le mandat d’un président sortant possiblement rééligible pour… 10 ans !

Les Apôtres du malentendu

Et voilà que tombent l’amnistie, l’acquittement, l’absolution. Et voilà que vont suivre sans aucun doute l’amnésie, les applaudissements, la bénédiction. Des Rameaux à l’Ascension, en passant par le Golgotha et la Résurrection, les louanges vont progressivement essayer de faire oublier aux Français ce que fut leur Chemin de croix pendant ce quinquennat. Ces Français qui, pour les trois quarts d’entre eux, n’ont pas voté Macron, mais qui sont aujourd’hui implicitement invités à le faire afin d’éviter la “malédiction”.

Vont-ils céder une fois encore au Pacte républicain qui veut faire barrage à l’extrême droite ou envoyer valser ses recommandations par-dessus les moulins, en choisissant Le Pen ou l’abstention ? Les sondages, qui se sont tout de même un peu plantés sur le premier tour, nous le diront une fois encore. Car il faut, à défaut d’influencer l’opinion, savoir dicter la sage direction. Ensuite ? Et bien ensuite il faudra transformer l’essai du côté du Palais bourbon et des Assemblées pour éviter une éventuelle et plus qu’improbable cohabitation. Car les “Apôtres du malentendu” n’oseront plus, comme Pierre avant le chant du coq, se renier une nouvelle fois. Et les coalitions obéiront à la raison d’État derrière la porte des accommodements convenus. Des coalitions probablement déjà en train de se construire à l’ombre des partis dont il ne reste bien souvent même plus l’apparence, à l’abri des compromis et des fusions, dans l’entre soi des alliances qui méprisent les électeurs et se moquent de la France.

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