Élevage : le salut par le local

La crise de la Covid-19 a bousculé le monde de l’élevage. Les éleveurs attendent maintenant que les collectivités locales mettent le veau primeur et le vedell en avant dans les prochaines semaines.

Partout en France, la filière viande bovine souffre. Les prix se traînent au ras des pâquerettes et l’absence des marchés de la restauration, collective ou commerciale, fait gonfler les stocks sur pied. Dans les Pyrénées-Orientales, ce sont surtout les veaux qui sont concernés par ce blocage du marché. Abatteur et éleveurs, par l’intermédiaire de la coopérative des Pyrénées-Orientales, ont tenté de trouver des solutions pour faire passer les animaux sur le marché. “C’était compliqué parce que la restauration collective et la restauration commerciale sont deux clients importants sur ces animaux, à savoir le veau primeur, le veau blanc et le vedell
sous indication géographique protégée” détaille Stéphane Guash, l’abatteur. Avec un intense travail commercial pour rediriger les carcasses et un peu de surgélation, il estime avoir réussi à assurer environ 80 % du planning, c’est-à-dire des animaux prévus pour l’abattage en ce printemps. “Nous avons entre 20 et 25 % de retard, une petite centaine de veaux” confirme Florent Genet, technicien de la coopérative, “avec donc des animaux en stock sur pied et des écarts de trésorerie chez les éleveurs.” Et chaque semaine qui passe complique un peu la donne. Les veaux grossissent, flirtent avec les limites des cahiers de charges, en poids ou en âge, et coûtent à nourrir. Pour autant, tant l’abatteur que la coopérative ont bon espoir de résorber ces excédents. La solution passant par le développement de la demande locale.

Les collectivités locales en première ligne ?
“Il y a les appels d’offres de la Région, dont nous attendons les résultats, pour des achats qui seront ensuite confiés aux œuvres caritatives qui pourront aider à rattraper un peu de retard.” Mais ce que la filière attend, c’est le redémarrage de la restauration, collective ou commerciale. “Nous allons essayer de convaincre les restaurateurs et plus de bouchers artisans – certains ont déjà basculé leur approvisionnement sur du local alors qu’ils ne le faisaient pas forcément avant – de mettre le veau local en avant” ajoute Stéphane Guash. L’autre enjeu c’est de convaincre les collectivités locales. “Si les cantines du département, de l’agglomération de Perpignan et les autres jouent le jeu du veau local, primeur ou vedell, alors oui nous pourrons rattraper ce que nous n’avons pas fait au cœur du printemps avec la crise.” Peut-être d’ailleurs en développant un marketing approprié, plus ciblé localement pour rapprocher l’élevage des lieux de consommation, surfer sur la vague du local et développer des relations sur le long terme. Le département compte 230 élevages de bovins et plus de 7 500 vaches mères.

Aude : la vente directe en soutien

Dans l’Aude, Alfred Vismara, éleveur élu à la Chambre d’agriculture, loue la capacité de réaction et d’adaptation des éleveurs du département. “Nous sommes parvenus à trouver des marchés nouveaux, avons vendu plus en vente directe ou en circuit court” détaille-t-il. “La vente directe a vraiment eu le vent en poupe, ça a permis de dégager quelques animaux.” Malgré cet engouement, les abattages départementaux sont, pour les cinq premiers mois de l’année, inférieurs à ce qu’ils étaient l’an passé pour la même période.

Yann Kerveno

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