Voter ou manger. Ils ont dû choisir ! (Par Jean-Paul Pelras)
Début de semaine, le ministre de la Santé pique une colère à l’Assemblée Nationale. La tirade est désormais célèbre : « C’est ça la réalité. Si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici ! » Autrement dit, sortez de ce lieu dans lequel s’est construite l’histoire de notre pays… A l’origine du coup de gueule, un vote sur le prolongement de l’Etat d’urgence sanitaire dont le résultat a totalement échappé à la majorité présidentielle. L’opposition s’étant mobilisée en usant, soi-disant, d’un stratège relayé par Le Parisien qui a obtenu l’info auprès d’un député Marcheur. Les Républicains auraient réservé l’intégralité des tables du restaurant de l’Assemblée… Combine qui aurait obligé les députés macronistes à rentrer chez eux pour se sustenter et, distance oblige, regagner l’hémicycle avec du retard. Notons ici qu’il existe une différence de fonctionnement évidente entre les parlementaires et ceux qui travaillent sur des chantiers dans la mesure où, contrairement aux premiers, les seconds se font suivre la glacière et s’avitaillent sur place à leurs frais au moment de la pause déjeuner…
Amendements « choisis » par le gouvernement
Considérant ce contre-temps, le prolongement de l’Etat d’urgence sanitaire fut donc ramené, grâce aux amendements déposés par l’opposition, du 16 février au 14 décembre. Un appel d’air démocratique rapidement colmaté par Olivier Veran qui décida de dégainer l’article 44. Lequel permet d’utiliser la « réserve » des votes pour le texte et les amendements. Grâce à cette alternative très rarement utilisée, les articles continuent d’être discutés, mais le vote « bloqué » porte uniquement sur les amendements « choisis » par le gouvernement. Ceux ayant déjà été votés pouvant ainsi être écartés. L’échéance de l’Etat d’urgence a donc été officiellement instaurée au 15 février. Moralité il faut, sans délai, agrandir le réfectoire de l’Assemblée !