Puisque la République est une et indivisible !
Samedi 3 février à Corneilla de Conflent, dans le cadre d’une réunion initiée et organisée par L’Agri, nous évoquerons donc cette déprise qui menace la ruralité du haut pays et, par voie de conséquence, l’équilibre de nos territoires. Ce jour-là, il sera question de téléphonie, d’internet, des transports, de l’offre de soin, du maintien de l’activité économique et du quotidien de milliers de familles ballotées entre colère et résignation. Seront abordés tous ces problèmes qui demeurent irrésolus. Peut être, tout simplement, car à force de les voir tous les jours, certains finissent par les perdre de vue. Et pourtant, loin de cette accoutumance latente, de volets clos en commerces qui ferment, de médecins qui ne veulent plus venir en artisans qui décident de partir, de paysans qui arrêtent en résidents qui descendent à la maison de retraite, le pays se vide, victime d’une attractivité en berne et de moyens réduits à leur portion congrue.
Lors de cette réunion, nous évoquerons ce que nous sommes en droit d’attendre, mais aussi et peut être surtout ce que nous ne voulons pas voir disparaitre. Parce que la configuration de notre département et l’isolement géographique des hauts cantons ne doivent plus être une fatalité, il ne s’agira pas d’une énième tentative visant à recenser les bonnes volontés éphémères, mais bien d’un appel aux consciences.
Récemment, Cyril Vilanni, chercheur député et réputé, se plaignait parce qu’une ligne de métro risquait de ne pas ouvrir du côté de Lutèce. Même combat en quelque sorte dans les P.-O. avec la 2 x 2 voies sur la RN 116 qui, comme annoncé par la ministre des Transports, ne devrait pas dépasser Bouleternère. Si, lobbying oblige, la ligne Orly-Saclay ouvre, alors la 2 x 2 voies doit arriver jusqu’à Prades. Parce que, dans le cas contraire, nous pourrons “définitivement” considérer qu’il y a une différence de traitement discriminatoire entre ceux qui vivent à Paris et les autres.
Comment attirer de nouvelles populations quand il faut monter sur le clocher pour avoir du réseau ?
Parce que, si la République est vraiment une et indivisible, ce qui vaut pour Saclay, pôle scientifique et universitaire, doit aussi valoir pour Vernet, Castell, Puyvalador ou Aytua. Parce que, si la République est une et indivisible, celui qui vit à Urbanya, Sant Marsal, Saint Arnac, Fontrabiouse ou Nahuja ne doit pas redouter la fermeture des établissements de santé encore en activité entre Perpignan et Puigcerdá. Parce que, si la République est une et indivisible nous devons avoir du réseau sur nos téléphones que l’on soit installé en terrasse au Café de Flore comme au Café de Sahorre. Parce que si la République est une et indivisible, nos paysans, nos artisans, nos commerçants doivent pouvoir circuler, communiquer et vivre de leurs métiers qu’ils soient installés à Bordeaux, Lyon, Marseille et Clermont comme à Trilla, Sansa, Montferrer ou Boule d’Amont.
Car, comment parler de télétravail, de télémédecine, de dématérialisation quand internet déconne un jour sur deux ? Comment attirer de nouvelles populations quand celui qui arrive dans un village doit monter sur le clocher pour avoir du réseau, quand on lui apprend que le premier toubib est à trois quart d’heure de là, quand on lui dit que le dernier commerce vient de fermer et que même la caserne des pompiers bénévoles est menacée ? Enfin comment préserver le patrimoine immobilier quand la “grande braderie” est en route et que la marginalisation de nos territoires s’accentue au même rythme que ses problèmes de sécurité ?
Donc, si la République est vraiment une et indivisible, osons espérer que ceux qui la représentent apporteront des réponses concrètes aux questions qui seront posées, à Corneilla de Conflent, le 3 février.