Parce que rien n’est jamais simple – sem. 41-2022 [par Yann Kerveno]

Grand galop

Elle court, elle court l’inflation, et ce, partout dans le monde. Si elle est restée “raisonnable” en France (là encore, rien n’est simple et tout est relatif), elle galope en Australie en particulier sur les aliments et les fruits et légumes en particulier. Ils ont pris 9,1 % en juin, 18,6 % en août… Avec pour conséquence de rendre inaccessibles les fruits et légumes frais pour une partie des consommateurs. Forçant par exemple les producteurs d’oranges à benner les fruits récoltés pour les laisser pourrir, faute de trouver à les vendre. Ce n’est pas intuitif mais l’index de la FAO, que nous avons déjà souvent cité ici, est en recul pour le sixième mois consécutif en septembre. Il a perdu 1,1 % en raison, explique l’agence de l’ONU, de la forte détente enregistrée sur le prix des huiles végétales et dans une moindre mesure, la baisse des prix du sucre de la viande et des produits laitiers. Reculs qui ont “largement neutralisé le rebond, depuis la rentrée, des céréales” (le blé de 350 à 300 euros sur les marchés à terme début octobre et maïs de 340 à 250 euros selon les horizons). Pour autant, souligne encore la FAO, l’indice de septembre reste 7,5 points au-dessus de ce qu’il était l’an dernier à la même période.

Raisin et colère

En Italie, ce sont les producteurs de raisins de table qui sont rattrapés par la crise avec des prix, bord de champ, compris entre 20 et 30 centimes le kilo. FreshPlaza a discuté avec Vito Sorino, qui exploite 20 hectares de plantations et qui a pris la décision de tout laisser, pour l’instant, sur les vignes. “Ce n’est pas tenable de vendre à 20 centimes cette année, contre 60 centimes en décembre 2021, quand nos produits sont vendus de 3 à 4, voire 5 euros le kilo dans les rayons” explique-t-il. “Compte tenu du contexte, comment les gens peuvent se payer du raisin à 4 ou 5 € ? Et l’on nous explique que cela ne se vend pas !” Il n’ajoute pas “foutaise” mais demande : “Ne serait-ce pas plus simple de mieux répartir la marge et de réduire le prix de vente au détail ?”

Changement ?

L’inflation est donc partout et elle va peut-être provoquer un tournant important dans les pratiques agricoles. C’est en tout cas ce qu’avance une étude de McKinsey Agriculture qui prévoit que l’augmentation des coûts de production va accélérer l’adoption de nouvelles techniques de production : robotique, agriculture de précision… Avec un seul but, augmenter les rendements pour maximiser les frais engagés. De fait, l’étude conclut que 80 % des agriculteurs américains citent aujourd’hui l’augmentation des coûts de production comme le principal risque auquel ils doivent faire face… Seul frein qui subsiste, l’absence de précision sur les retours sur investissement et le doute sur l’efficacité des technologies déployées. Une preuve de bon sens non ?

Avocat mûr mais vert

Enfin, les producteurs des Pyrénées-Orientales qui s’essayent à la production d’avocats seront ravis d’apprendre qu’il existe un avocat qui ne brunit pas. Mis au point en Australie par Naturo Technologie, le procédé neutralise les enzymes responsables du changement de couleur au mûrissement. Les avocats ainsi traités sont produits en Afrique du Sud et vont bientôt débarquer sur le marché américain grâce à la construction d’une nouvelle usine de traitement au Mexique.

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