Parce que rien n’est jamais simple #23 [par Yann Kerveno]
Canigou de synthèse
On connaissait la viande synthétique, vous savez, on en parle ici parfois, cette viande qui pousse dans des éprouvettes puis, bientôt, des bioréacteurs, et qui permettrait de s’affranchir de l’abattage d’animaux. Et bien sachez qu’en la matière, l’imagination n’a pas de limite, ni le marketing d’ailleurs, puisque la start-up américaine Wild Earth, spécialisée dans l’aliment vegan pour animaux de compagnie (communément appelé Pet Food), vient de lever 23 M € pour développer une gamme d’aliments à base de… viande de synthèse. Pour nos chiens et chats.
Contrefaçons de kiwi
Avec l’automne, vient la saison des fruits d’automne et d’hiver. On sait déjà que pour la pomme, en France, ça va être compliqué, que pour la poire, c’est au-delà de compliqué. Inutile de vous rappeler que le gel est passé par là. L’autre fruit de l’automne c’est le kiwi. Sa production en Europe pourrait être chahutée cette année avec même des pénuries envisagées par les opérateurs. L’Italie devra faire face à une réduction de 10 % de volumes récoltés, à 250 000 tonnes, soit 350 000 tonnes de moins qu’il y a cinq ans.
L’Espagne aura aussi une année difficile avec une réduction de la production estimée à 45 % suite au gel qui a frappé le Nord-Ouest du pays où sont concentrés 85 % des vergers. La Grèce pourrait avoir, pour sa part, une récolte normale. Les Néo-Zélandais n’ont eu pas assez de marchandise pour fournir leurs marchés et sont très remontés contre les Chinois. Pourquoi ? Parce que c’est dans ce pays que se cultive, en toute illégalité, le kiwi jaune développé par l’entreprise néo-zélandaise Zespri et sur plus de 5 000 hectares. Et bien entendu sans payer aucunes royalties à l’obtenteur. Dans ce dossier d’ailleurs, un exportateur chinois vient d’être condamné à une amende 12 M $ pour utilisation frauduleuse de la variété.
Soif d’abeilles
On a parlé il n’y a pas si longtemps dans ces colonnes de la récolte de miel catastrophique cette année et de l’appel à l’aide des apiculteurs. Aux États-Unis, la situation n’est pas meilleure, mais c’est la sécheresse qui met à mal la récolte et en péril la survie des colonies. À tel point qu’on s’inquiète déjà, là-bas, de l’année prochaine et de la pollinisation des vergers d’amandiers, cerisiers, pêchers et pommiers, entre autres. Le gouvernement américain a calculé que le service rendu par les 2,7 millions de ruches du pays rapportait par leur travail dans les vergers, 254 M $ aux apiculteurs. Les inquiétudes portent sur le nombre d’abeilles disponibles et sur le prix de ces services. Les producteurs d’amandes ont, à eux seuls, besoin de 2,5 millions de ruches pour mener à bien leurs cultures.
L’olivier et la forêt
En Australie, autre pays aux prises avec la sécheresse, la réjouissance vient d’une récolte d’olives exceptionnelle qui devrait donner 23 à 24 millions de litres d’huiles d’olives, pour une valeur de 120 à 140 millions de dollars australiens (75 à 87 M €). Pour autant n’est-ce pas l’olivier qui cache la forêt ? Avec le changement climatique, les profits de l’agriculture vont continuer de s’éroder à cause des sécheresses, ils ont déjà baissé de 23 % depuis le début du siècle et pourraient perdre encore 13 % d’ici 2050, et jusqu’à 32 % dans certaines régions…