Montagne : l’économie du tourisme sinistrée (Article Yann Kerveno)

Entre la 116 et le virus, 2020 ressemble à une année catastrophe dans les hauts cantons.

« On a perdu la moitié de la saison d’hiver et peut-être déjà la moitié de la saison d’été. » Il ne faut pas longtemps à Ian Pendry pour faire les comptes et savoir que l’année sera catastrophique pour l’industrie du tourisme en Cerdagne et Capcir. Avec sa femme Angela, ils exploitent un gîte à Saint-Pierre dels Forcats et sont tous deux accompagnateurs en montagne. Il y avait d’abord eu la coupure de la 116 au milieu de la saison d’hiver. Si l’activité des vacances de février a été presque normale, cette coupure a eu un impact fort sur les courts séjours, les week-end, qui attirent une clientèle locale. Puis le Coronavirus qui a provoqué la fermeture du gîte pendant les vacances scolaires, l’annulation d’un séjour en raquette qu’ils avaient commercialisé. S’ils ont fait les demandes d’aides accessibles à leurs activités, ils n’ont pour l’instant rien touché. « Mais pendant ce temps-là, il faut quand même que nous fassions tourner le bâtiment, le chauffer, l’entretenir » précise Ian Pendry. « C’est pareil pour tout le secteur de la montagne, les hébergements, les accompagnateurs, je ne parle même pas des hôtels et restaurants qui ont des salariés en plus… » Installé depuis 15 ans à Saint-Pierre, il se demande maintenant de quoi sera faite la suite de l’année.

Mi-juillet ?
« On ne sait rien, sauf qu’on ne pourra probablement pas ouvrir le gîte 11 mai. Nous ne savons pas non plus si nous pourrons reprendre nos activités d’accompagnement en montagne… »  Pour l’heure, tous deux gèrent avec leurs clients pour reporter les séjours VTT qui avaient été commercialisés. « Nos clients ont 18 mois pour caler une autre date avec nous avant de demander un remboursement. Mais nous travaillons principalement avec une clientèle étrangère et nous ne savons même pas si les frontières seront ouvertes, et quand ! » Alors il reste les supputations pour élaborer des scénarios. « Est-ce que nous pourrons ouvrir le gîte à la mi-juillet comme nous l’entendons ? Avant ? Est-ce que nos clients étrangers pourront venir depuis la zone Schengen ? De plus loin ? » La seule chose qui ne souffre d’aucune incertitude, c’est la perte de chiffre d’affaires. Des dizaines de milliers d’euros, avec une saison estivale qui pourrait bien être fortement amputée. Après un hiver lui-même coupé en deux. « Et ce chiffre d’affaires, on ne le récupérera pas. Il est perdu. »

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