Les éleveurs attendent (encore) des réponses [par Yann Kerveno]

2 millions d’euros. C’est ce qu’il faudrait pour compenser les pertes de fourrages enregistrées cette année par les éleveurs des Pyrénées-Orientales. Ils manifestaient à Ur samedi matin, à l’appel de la FDSEA et des JA.

Une trentaine de tracteurs, deux ronds-points, un feu de palette, quelques élus locaux et un léger filtrage de la circulation sur la Nationale 20. C’était le menu de la protestation organisée samedi matin en Cerdagne, à Ur. Trop sage pour certains des manifestants, dernier avertissement à l’État pour d’autres, elle avait pour objet le désagréable feuilleton de la jauge de la pousse de l’herbe. En présence des élus locaux, dont le conseiller départemental Michel Garcia et le sénateur Jean Sol, Bruno Vila, président de la FDSEA, Fabienne Bonet, présidente de la Chambre d’agriculture et Christian Tallant ont rappelé les griefs, comme inlassablement depuis des mois maintenant.

Non, le système ne fonctionne pas puisque le satellite voit de l’herbe là où elle n’a pas poussé. Les éleveurs de basse Cerdagne accusent des pertes de 80 % dans les prairies, pertes confirmées par les relevés effectués par les techniciens de la Chambre d’agriculture dans le courant de l’été. Ce qui ramène les réserves de fourrage à un mois dans les étables. Mais le système dit “airbus”, à partir de données satellitaires, ne voit pas de pertes sur la zone. Et ni les assureurs, ni l’État, ne semblent pour l’heure disposés à remettre en cause le mauvais fonctionnement du système. Alors que dans les parcelles d’à côté, les experts venus constater les dégâts sur les méteils et les céréales sont aussi arrivés à cette même évaluation, des pertes de rendements à hauteur de 80 %.

Comment nourrir les bêtes ?

“On marche sur la tête avec cette histoire, le slogan que l’agriculture déploie partout en France trouve toute sa justification ici” faisait remarquer Fabienne Bonet. Christian Taillant en venait à regretter le zèle des éleveurs qui se sont assurés, largement, “à plus de 90 % dans le secteur contre 17 % dans le reste de la France. Nous avons été de bons élèves, nos cotisations ont été prélevées et nous n’aurions rien ?”
“Aujourd’hui, c’est à l’État de prendre ses responsabilités. C’est peut-être une bonne idée que de mettre en place des « fermes pilotes » pour vérifier en 2024 le mauvais fonctionnement de l’indice de pousse de l’herbe dans certains secteurs, mais ce travail ne portera ses fruits qu’en 2025, au mieux” ajoutait Bruno Vila. “Or, aujourd’hui, la question qui est posée, c’est comment nourrir les bêtes et éviter une décapitalisation massive !”

Selon nos informations, le ministère doit apporter des réponses dans le courant de cette semaine, veille de Noël. “Il n’y a pas trente-six solutions” résumait Jean Sol, “ou les assurances jouent le jeu, ou l’État crée un fonds d’aide spécial.”

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