Le maire anti-pesticides et le maire anti-cons
La France rurale serait-elle coupée en deux ? Non pas verticalement ou horizontalement, mais dans sa façon d’appréhender la question agricole.
Cette question dont tout le monde s’empare désormais du G7 à la plus petite commune de l’hexagone en passant, bien sûr et peut être surtout, par Paris où, entre un périphérique et deux cubes de béton, les écologistes dictent leur feuille de route. Une feuille de route dupliquée jusque dans nos campagnes avec des élus qui, comme le maire de Langouët, en Ile et Vilaine, s’opposent à certaines pratiques agricoles. Daniel Cueff qui effectua sa carrière professionnelle dans l’enseignement et milite pour le développement durable dans sa commune (éco-quartier, cantine bio, autonomie énergétique, permaculture) a, en effet, pris en mai dernier un arrêté visant à limiter l’usage des pesticides à Langouët, près des habitations et à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale. Un arrêté suspendu le 27 août par le tribunal de Rennes malgré le soutien de nombreux habitants et de nombreuses personnalités allant de Ségolène Royal a Nicolas Hulot en passant par Mathieu Orphelin et des associations environnementales associées au mouvement des Coquelicots. Notons que, dans une interview accordée le 23 août au média en ligne Konbini, Emmanuel Macron déclare qu’il “soutient dans ses intentions” le maire de Langouët. Et de rajouter “Il a raison sur ses motivations”. Mais aussi d’appeler à un “encadrement des zones d’épandage des pesticides”. Même tempo pour sa ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne qui disait dans la foulée sur France Inter “partager totalement la préoccupation du maire de Langouët” et annonçait “un projet de réglementation pour instaurer une zone minimale entre les épandages et les habitations”.
“Faire le buzz, diaboliser…”
Et tant pis pour les agriculteurs qui devront protéger leurs cultures sur ces périmètres, comme le dénonçait Christiane Lambert, présidente de la FNSEA sur Radio Classique : “Pourquoi pas 200 ou 300 mètres ? Pourquoi pas la même chose pour les voitures qui n’auraient plus le droit de se garer dans sa commune ? Chaque maire ne peut pas, comme ça, décider de lui-même sur des sujets très complexes et qui relèvent de l’autorité de l’État. Mais par contre, ça a le mérite de faire le buzz, de diaboliser, donc ça rend les discussions plus difficiles alors que nous, nous sommes favorables au dialogue”.
Pendant ce temps à 830 kilomètres de là, un autre maire, celui de la commune de Saint André de Valborgne dans les Cévennes Gardoises, prenait une autre initiative. Il s’appelle Régis Bourrely, il possède une entreprise de terrassement et il vient d’installer un panneau à l’entrée du village qui dit : “Attention village français. Vous pénétrez à vos risques et périls. Ici nous avons des clochers qui sonnent régulièrement, des coqs qui chantent très tôt, des troupeaux qui vivent à proximité, certains ont même des cloches autour du cou, des agriculteurs qui travaillent pour vous donner à manger. Si vous ne supportez pas ça vous n’êtes pas au bon endroit.” Reste à savoir si Macron soutiendra l’idée de cet élu gardois !
Jean-Paul Pelras