Jean Lassalle : “Il faut désormais apprendre à savoir dire non !”
“Quand je me suis présenté pour la première fois à une élection, mon père m’a dit : il faudra que tu sois capable de répéter le soir ce que tu as dit le matin.” Cette phrase, prononcée par un vieux berger Béarnais parti, depuis, de l’autre côté du chronomètre, accompagne le parcours de Jean Lassalle depuis 1977, date à laquelle il fut élu maire de Lourdios Ichère, petite commune des Pyrénées Atlantiques.
Et c’est avec quelques formules de cet acabit empruntées à son vécu champêtre que le député parcours depuis notre pays pour expliquer sa vision d’un monde où “trop d’argent circule entre trop peu de mains”. Le 23 mai, dans la salle des fêtes de Latour Bas Elne ou Pierre Rogé, maire de la commune, avait invité l’un de nos plus célèbres parlementaires, 250 personnes avaient fait le déplacement pour voir celui qu’ils considèrent comme étant l’intercesseur du monde rural.
Agriculteurs, commerçants, artisans, fonctionnaires, retraités, gilets jaunes, chacun était venu rencontrer ce grand bonhomme d’1,90 m pour l’écouter, lui serrer la main, lui faire la bise, recueillir une dédicace, prendre un selfie, évoquer les problèmes du quotidien. Ce soir-là et après avoir signé son dernier ouvrage pendant presque 4 heures à la librairie Cajelice, Jean Lassalle prit le temps, avec ces mots qui empruntent au bon sens, d’expliquer son parcours. Celui du fils de paysan devenu ingénieur parti d’une époque où l’on avait du mal à capter 2 chaines de télévision à celle où nous en avons désormais plus de 300… 300 chaines et des médias que le Béarnais n’a pas épargné pour dénoncer “l’ombre de ce que devrait être l’information.” Égratignant au passage “le chroniqueur à l’écharpe rouge de BFMTV” mais également les chaines publiques et la puissance de feu des réseaux sociaux.
Victime d’une médiatisation sélective où, tantôt moqué, tantôt ignoré, celui qui refusa trois fois un poste de ministre, ne parvient plus à s’exprimer comme le font à loisir d’autres élus de la République. Et ce, même s’il continue, malgré tout, à intriguer la galaxie politicienne. Tout simplement car le capital sympathie sur lequel il peut compter, en milieu rural notamment, va crescendo.
“J’en connais un autre qui s’est mis en marche, en faisant deux fois le tour de son salon avec les plus grandes fortunes du pays”
Et puis, il y a ces formules qui font mouche quand elles sont décochées à l’adresse du pouvoir en place : “J’ai marché sur 6 000 kilomètres pendant neuf mois pour écouter les Français. J’en connais un autre qui s’est mis soi-disant en marche, me piquant au passage la formule, en faisant seulement deux fois le tour de son salon avec les plus grandes fortunes du pays…” Autre tirade non moins réaliste et tout aussi inquiétante : “À mon retour, j’ai exposé les problèmes à Hollande. Il m’a répondu : « Et qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ! »”. Une réponse qui claque comme une sentence dans un monde qui a perdu tous ses repères. “Un monde où il faut désormais apprendre à savoir dire non pour résister, un monde où les campagnes de France doivent être considérées comme Grande cause nationale, un monde où l’éducation doit redevenir une priorité, un monde où il faut réapprendre à lire et à compter, un monde où l’humain doit retrouver sa place face à la globalisation, un monde où le travail ne doit plus être un mal nécessaire.”
La soirée fut longue, très longue même, car elle se termina, pour les derniers retardataires, aux alentours de deux heures du matin. Alors nous vîmes s’éloigner Jean Lassalle et son équipe dans cette voiture qui le conduisait vers Toulouse où quelque un d’autre devait le récupérer au milieu de la nuit pour l’amener à Bayonne.
Inépuisable le béarnais ? Peut-être. Car guidé par cette conviction qui le conduit de rencontres en rencontres et lui montre un plus chaque jour ce que devient notre pays. Avec des écoles, des bureaux de poste, des administrations, des exploitations agricoles, des usines, des cliniques, des commerces qui baissent leurs volets. Quand les machines s’arrêtent, quand les hommes s’en vont, quand la terre se tait.
Jean-Paul Pelras
Abroger la loi NOTRe
En réponse aux nombreuses questions relatives à la désertification rurale et à l’abandon de l’arrière-pays, Jean Lassalle prône sans hésiter l’abrogation de la loi NOTRe. : “C’est la loi d’abandon de notre pays. Il faut redonner leurs parts aux Conseils départementaux. Il faut garder les mairies qui sont la première et la dernière chose que l’on voit dans une vie de citoyen. Ou alors il faut photographier les routes qui mènent à nos villages, car bientôt elles ne seront plus qu’un souvenir”.
Ben oui il mentirait on le croirait, mais il est dans la réalité ça ne passe pas… Le mensonge est devenu une valeur remplaçant le respect, la discussion contradictoire et la prise de conscience de l être humain