Eau : difficile convergence [par Yann Kerveno]

Contacté avant le rendu du jugement de Montpellier, France Nature Environnement (FNE) a accepté de répondre aux questions de l’Agri. Ce qui n’est pas le cas de l’association Frêne 66, malgré nos demandes.

Que l’Agri prenne contact avec France Nature Environnement à Montpellier a pu surprendre, voir créer de la méfiance. C’est Olivier Gourbinot, coordinateur fédéral et rédacteur du mémoire présenté contre les arrêtés préfectoraux instituant les dérogations sur les débits de la Têt qui a accepté de répondre à nos questions. Et la première fut naturellement de savoir pourquoi FNE avait décidé d’attaquer les arrêtés en justice. Tout part de deux lois, la loi sur l’eau de 1992 et celle de 2006 qui encadre le volume des prélèvements dans les rivières et précise les cadres dérogatoires, puis de l’étude sur les volumes prélevables réalisée au début de la dernière décennie, justifie-t-il en substance. “C’est une étude scientifique sérieuse, admise par tout le monde qui a permis de calculer le bon débit, à savoir 2 m3 environ et plus exactement entre 1,8 et 2,2 m3, à T6, la borne située en aval d’Ille-sur-Têt. Sachant qu’en descendant à 900 litres, 0,9 m3 on arrive au stade du débit de survie des espèces” ajoute le technicien de la fédération d’associations de défense de l’environnement.

Solution ? Les économies…

Comment faire alors, puisque le monde agricole souligne combien le changement de règles pourrait avoir de conséquences ? “Il faut faire plus d’économies, améliorer le système de distribution, limiter encore les fuites” indique Olivier Gourbinot “et il y a aura assez d’eau alors pour continuer à irriguer et laisser ce qu’il faut dans la Têt. Ça a été fait dans d’autres endroits, en particulier sur le canal de Gignac, dans l’Hérault, par exemple. De plus, la Têt est un cours d’eau pluvio-nival classique, qui coule donc beaucoup l’été, ce n’est pas un cours d’eau qui se retrouve naturellement à sec, c’est ce que montre l’étude des volumes prélevables.” Ce à quoi la profession agricole répondra que les efforts sont faits, que beaucoup d’eau a déjà été économisée et que cuveler plus avant les canaux aura des conséquences sur les nappes et le paysage. Difficile de voir converger les deux points de vue. La nouvelle étude sur les volumes prélevables, mise en route par l’association des canaux et la Chambre d’agriculture sera-t-elle elle en mesure de changer la donne ? Il faudra que ses résultats diffèrent de celle de 2011 et qu’elle soit acceptée comme solide scientifiquement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *