Camping : entre Gloria, Covid et frontières, le cauchemar d’Henry
L’année est rude pour le Camping du Canigou qui ne sait même pas s’il ouvrira cette année.
À Espira de Conflent, Henry Tielemans pouvait rêver plus tranquille pour sa troisième saison à la tête du Camping du Canigou. En janvier, les trombes d’eau qui se sont abattues sur nos têtes on fait gonfler toutes les rivières, le Llech compris, ruisseau habituellement tranquille qui traverse le camping de part en part. “L’eau était à 50 centimètres du bord” raconte-t-il en montrant le flot presque sage aujourd’hui plus de 2,50 m en contrebas. La violence de la crue a emporté une partie des berges de la rivière, arraché les arbres, submergé des emplacements, les pluies ont provoqué des coulées de boue… Les infrastructures du camping, qui peut accueillir 400 à 450 personnes à plein régime, ont souffert de cet épisode météo.
Depuis, Henry Tielemans et son père, à qui il a succédé à la tête de l’entreprise, réparent, adaptent, consolident… Bref, remettent en état, avec une somme de factures qui se chiffre en dizaines de milliers d’euros. “C’est en partie pris en charge par l’assurance mais ce qui est compliqué c’est que, depuis, il y a eu le Covid et le confinement qui a bloqué les artisans. Nous avons encore plein de travaux à faire pour que le camping offre sa prestation habituelle, mais personne pour effectuer ces travaux de plomberie, d’électricité…” S’il a ouvert ses portes le 1er avril pour les résidents qui louent des emplacements à l’année, le jeune gérant avait décidé de reporter l’ouverture du reste des espaces au 24 avril.
La question de la clientèle étrangère
Mais pour l’heure, tout est fermé, sans qu’il sache quand il va pouvoir accueillir ses premiers campeurs. “C’est très compliqué ! On ne sait pas quand on va pouvoir ouvrir, ni quelles seront les mesures à prendre pour la distanciation. Et c’est d’autant plus complexe que notre clientèle est essentiellement néerlandaise, que nous avons fait des salons aux Pays-Bas cet hiver et que nous avons pris beaucoup de réservations. Sans savoir, aujourd’hui, si nous pourrons les honorer” résume-t-il. Avec sa clientèle étrangère, le camping du Canigou sera en effet tributaire de l’ouverture des frontières. “Nous ne sommes pas à l’aise car ne sachant pas ce qui va se passer, nous ne pouvons pas proposer un report à nos clients pour aller chercher une clientèle plus locale pour compenser. Nous sommes complètement coincés et obligés d’attendre…”
L’attente est telle qu’il se demande même parfois s‘il va ouvrir cette année, pour éviter de creuser un peu plus les dettes. “Pour que la perte d’exploitation soit prise en compte, il faudrait qu’il y ait une fermeture administrative, ce qui n’est pas le cas, ce sont justes les frontières qui sont fermées.” Alors, en attendant, il continue de préparer la saison. Réfléchit aussi à limiter les frais au maximum, fermera certains équipements, ne prévoit pas d’animations et réfléchit à la distanciation sociale. Un casse-tête dans le bloc sanitaire par exemple… “Il faudra probablement faire une saison différente, plus calme, plus nature et peut-être moins festive.” Et ce sont probablement 10 emplois saisonniers qui ne seront pas créés cette année pour faire tourner le camping comme d’habitude.
Yann Kerveno