Adieu Jean [par Jean-Paul Pelras]

Avec le décès de Jean Belloc survenu prématurément à l’âge de 68 ans, c’est une partie de l’aventure agricole roussillonnaise qui s’éloigne. Cette aventure à laquelle il contribua pour l’ensemble des secteurs car, curieux de tout, à l’affut de chaque nouveauté pouvant améliorer le quotidien du vigneron, de l’arboriculteur, de l’éleveur, du maraicher.

Pendant des décennies et après avoir, avec sa sœur Françoise, repris les rênes de l’entreprise familiale à Millas ce “Géo Trouvetou” de la fourniture agricole apporta bon nombre de réponses techniques à celles et ceux qui, pour résister aux assauts du marché et de la concurrence, devaient accroître la compétitivité de leurs entreprises. Que ce soit dans les vergers, dans les vignes comme auprès des serristes, notamment avec le développement des cultures hors-sol, Jean savait observer les pratiques culturales en allant chercher, parfois à l’étranger, la solution adaptée aux spécificités locales. Du plant à la production, il fut l’un des premiers à promouvoir la lutte intégrée, l’utilisation des bourdons polinisateurs, l’implantation des multi-chapelles et, du simple clip aux fertilisants en passant par les systèmes souvent complexes d’irrigation, tout ce qui pouvait répondre aux besoins d’une agriculture en pleine mutation.

L’entreprise, fondée par son père Émile, se développa ainsi bien au-delà des frontières Nord-catalanes pour gagner l’ensemble de l’Occitanie avec plus de 110 collaborateurs implantés sur tout le territoire. Un challenge réussi grâce au relais que Jean confia à son neveu Jean-François voilà une quinzaine d’années. Une confiance sans faille et un binôme d’une efficacité redoutable qui permit à cette entreprise de prospérer au-delà du négoce de produits agricoles, avec notamment le machinisme et le récent rachat des établissements Pourret.

Alors, comment qualifier Jean, si ce n’est, comme me le confiait Laurence, l’épouse de son neveu Jean François, d’artiste visionnaire. Artiste, car il usait d’une nonchalance légendaire, visionnaire car il savait anticiper et suggérer avec cette intelligence du cœur qui fait que le marchand est devenu cet ami sur qui les paysans d’ici, y compris lorsqu’ils étaient dans la difficulté, pouvaient toujours compter.
Voilà Jean, qui aimais ce pays, ses gens, sa terre, son rugby, ses passions, L’Agri, que tu lisais et que tu soutenais, adresse à ta fille Johanna, à tes petits enfants, à ta sœur Françoise, à ton neveu, à toute ta famille, à tous tes proches et à tes nombreux amis ses plus sincères condoléances. À toi, parti trop tôt et pour trop longtemps de l’autre coté du chronomètre, ce message, même si les mots ne suffisent plus, que tu liras peut-être : “Pots anar tranquil. Has fet bona feina”.

Jean-Paul Pelras

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