La fatalité, l’artificialisation des terres, l’entretien des cours d’eau…

L’Aude, comme en 1999, vient encore une fois de payer un très lourd tribut humain et matériel aux inondations qui laissent derrière elles, dans l’écheveau du désastre et sous un ciel plus souvent sans Dieu que sans nuages, leurs lots d’interrogations. L’homme ne pouvant tout prévoir et tout éviter, il doit aussi parfois, hélas, s’en remettre à la fatalité pour, à défaut de pouvoir les expliquer, savoir accepter certains phénomènes. Ce qui ne peut, bien sûr, totalement le dédouaner. Dans un rapport remis aux pouvoirs publics fin 2017 l’INRA déclare à ce titre : “Près de la moitié des surfaces artificialisées entre 2006 et 2014 l’ont été pour de l’habitat.” En 8 ans, la France aurait ainsi perdu 490 000 hectares de terres agricoles absorbant jusqu’ici les eaux de pluie. 55 000 hectares disparaissent donc chaque année, principalement aux abords des petites villes et des villages périurbains où se construisent lotissements et zones commerciales à un rythme effréné. Des surfaces bétonnées ou goudronnées, rendues imperméables, sur lesquelles l’eau ruisselle et vient inévitablement gonfler le cours des rivières.

Chaque minute en France, 1 000 m² de terres sont recouverts par le bitume et le béton…
Pour expliquer les dégâts provoqués par les crues, il faut bien évidemment faire preuve de beaucoup de prudence. Mais on ne peut occulter certaines causes quand, chaque minute en France, 1 000 m² de terres sont recouverts par le bitume et le béton. Ce qui revient à dire que, tous les 7 ans, la surface d’un département est artificialisée de façon, bien sûr, irréversible. Avec, chaque année, entre deux et trois millions de m² supplémentaires dédiés aux surfaces commerciales. À cela, il faut rajouter l’entretien des cours d’eau devenu aléatoire, et parfois même inexistant, pour des raisons économiques ou environnementales qui mettent en avant la nidification des oiseaux ou la préservation du biotope.
Quand l’orage arrive, quand les trombes d’eau dévalent, emportant sur leur passage ces embâcles qui se retrouvent bloqués en aval dans les arbres, dans les roseaux ou sur les bancs de graviers, suscitant la rupture des digues et les malheurs que l’on sait, qui se soucie alors du ragondin, de l’anguille ou du martin pécheur ?
Et pourtant combien de paysans ont été verbalisés car ils étaient descendus avec leurs tronçonneuses pour couper un arbre tombé en travers de la rivière ou dégager un tas de sable qui obstruait le cours d’un ruisseau ? Parce qu’il suffit parfois d’un peu de bon sens et de bonne volonté pour atténuer la colère d’un cours d’eau.

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