Dans 15 ans, les agriculteurs français auront disparu…

Bien sûr, tous ceux qui ont tendance à minimiser le problème passeront ici leur chemin. Tout simplement car ils ne voudront pas reconnaître leur part de responsabilité dans ce qui est en train de devenir, comme l’expliquait récemment Jean Philippe Rives dans un communiqué relayé par la Coordination Rurale (notre édition du 25/01/2018), le plus grand plan social de l’histoire de France. Seulement voilà, les faits et les chiffres sont là. Il ne reste plus que 400 000 agriculteurs en France. 250 fois moins qu’au lendemain de la Seconde guerre mondiale où, pour s’avitailler convenablement, il valait mieux connaître quelques cousins éloignés et autres apparentés domiciliés à la campagne. Mépriser le paysan aujourd’hui revient à oublier un peu trop vite ce qu’il représente pour nos sociétés. Plus de paysans, plus de nourriture ! Si l’équation peut paraître évidente, elle semble pourtant échapper totalement à ceux qui font de l’agriculteur leur cible idéale dès qu’il faut trouver un coupable aux pollutions, aux inondations, aux scandales alimentaires et aux déséquilibres environnementaux. Mais attention, car, à ce jeu-là, ceux qui portent l’attaque finiront aussi par emporter la mise. Tout simplement car le monde agricole est fatigué. Usé par trop de contraintes, par trop de mesures coercitives, par trop de normes inadaptées, par trop de difficultés financières, par trop de stigmatisations injustifiées, il finira par envoyer valser le métier par-dessus les moulins en incitant ses propres enfants à choisir un autre destin.

Il faut quand même être un peu con pour ne pas comprendre ça !

Et pourtant, n’oublions surtout pas qu’à l’horizon 2050 la planète totalisera 9 milliards de résidents. Notre pays, selon les démographes, comptera alors 74 millions d’habitants. Pouvons-nous envisager un approvisionnement de ces populations en dilettante, sans pouvoir garantir en amont un potentiel de production digne de ce nom ? En d’autres termes, faut-il encourager le bricolage ou l’ambition ? 74 millions d’habitants à nourrir chaque jour, y compris au cœur de ces métropoles où, bien évidemment, la notion de circuit court ne pourra jamais compenser la logistique mise en place pour acheminer les denrées en temps et en heure. Le moindre manque lié aux conditions climatiques, aux conflits sociaux, aux épidémies, aux problèmes de transports ou à une pénurie alimentaire susciterait, intramuros et en moins de 48 heures, une panique historique.
Excusez l’expression, mais il faut quand même être un peu con pour ne pas comprendre ça. Et de surcroit complétement irresponsable. La tendance actuelle qui consiste à vouloir maitriser les pratiques agricoles depuis Paris, Bruxelles ou même Toulouse, en orientant les aides (voir article page 8) et en sanctionnant le paysan pour obéir à certaines idéologies politiquement correctes risque d’impacter à très court terme l’équilibre alimentaire de notre pays.
Parce que le jour où nous ne produirons plus suffisamment, le jour où nous dépendrons, pour nous nourrir, de marchandises importées de Chine ou des États Unis, ce jour-là ceux qui critiquent nos paysans seront bien contents de trouver sur leur chemin celui qui n’aura pas encore déserté son champ.

Une réflexion sur “Dans 15 ans, les agriculteurs français auront disparu…

  • 22 février 2018 à 20 h 25 min
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    Je profite donc de l’ expérience de ces 10 ans de bataille pour faire un bilan sur les causes racinaires ou facteurs principaux liés à la souffrance du monde agricole et à la disparition de milliers d’exploitations et de vies et de famille détruites; pour ne pas être que critique mais aussi constructif, j’ en profite pour proposer des changements simples.

    Après plus de 30 ans à l’étranger dont plus de 20 aux Etats-Unis et cinq en Asie du Sud Est; je suis revenu en France avec ma famille en 2009 pour racheter une exploitation agricole dont je suis le propriétaire aujourd’hui.

    L’object de mon analyse, à travers mes experiences et mon veçu du monde agricole sur ces 10 dernières années, passe donc par L’ IDENTIFICATION DES CAUSES RACINAIRES LIEES A LA DISPARITION DES EXPLOITATIONS AGRICOLES DANS NOTRE PAYS
    I. Le régime d’imposition Social et Fiscal qui s’applique aujourd’hui au monde agricole et à ses structures peu être qualifié purement et clairement de CONFISCATOIRE. Pourquoi?
    Il est sans aucun doute la première cause racinaire pour ne pas dire l’unique facteur directement lié à la disparition des exploitations agricoles dans notre pays. Non ce n’est pas la concurrence, non ce n’est pas la grande distribution, ni les industriels ….c’est ….l’Etat….
    Pourquoi et comment:
    Ce régime d’imposition qui se constitue du volet social ET du volet fiscal est purement une trés GRANDE ABERRATION pour des raisons bien spécifiques.

    La seule aberration plus grande que celle que je viens de mentionner est le simple fait que ni les agriculteurs, ni les syndicats, ni les acteurs principaux, leader d’opinions, Présidents d’OP et j’en passe; aucun de ces acteurs ne disent rien de maniére spécifique et ciblé sur le sujet.

    Pourquoi donc ce régime est purement un régime confiscatoire ? il suffit de regarder les chiffres d’impositions auxquels nous sommes soumis;
    Allons-y:

    1.1. Volet Fiscal: pour résumer le taux d’imposition fiscal d’une EARL

    – En dessous de 38k€ de bénéfices on est imposé à 15%
    – Au dessus de 38k€ on est imposé à 33.5%

    A ce volet et niveaux d’imposition fiscal vient s’ajouter le volet social (Créancier est donc bien l’MSA) sur lequel nous sommes taxé à 43 %! Mais comme nous allons le voir cette imposition confiscatoire ne s’arrête pas là.

    Pour résumer brièvement:
    1.2. Volet Social: le taux d’imposition social msa sur les bénéfices réalisés est bien de 43% MAIS les choses vont encore se corser pour l’agriculteur quand on réalise qu’il existe:

    – le fameux Plafond des 39k€ de bénéfices au dessus duquel on continue à être imposé à 43% sauf que l’agriculteur a un RETOUR ZERO – AUCUN RETOUR! CAR TOUT EST ATTRIBUE A LA MUTUALISATION ….cad 100% pour les autres ….et l’exploitant n’a pas 1c de retour sur ses bénéfices qu’il cède à la msa quand ces bénéfices dépassent ce fameux plafond.

    – Nous sommes donc imposés sur ce volet social à 43% pour un retour peu attractif puisque ces fonds contribuent, il faut bien le reconnaitre à nos retraites de misères ….où l’agriculteur se retrouve en dessous du seuil de pauvreté avec une retraite qui a souvent du mal à arriver à un petit demi smic

    1.3. Bilan des courses aprés imposition sur le volet fiscal et le volet social et bien il faut rajouter toutes les autres taxes sur le foncier qui ne figures pas dans les chiffres qui suivent et qu’il faudrait donc rajouter:

    – Années bénéficiaires jusqu’à 38k€ de bénéfices – 58% d’imposition
    – Années bénéficiaires avec plus de 38k€ de bénéfices – 76.5% d’imposition

    1.4. Conclusion – On est bien dans un régime confiscatoire ou il est presque impossible de faire quoi que ce soit car il nous reste que des miettes pour fonctionner et surtout pour reinvestir dans nos exploitations.
    Dans l’absolu nous avons des positions finalement très minoritaires auprès de nos propre structures. Nous ne sommes pas chez nous chez nous….qui est donc le partie majoritaire surtout quand nous arrivons a générer des bénéfices ? Et bien c’est l’Etat et nous , nous sommes les petits acteurs minoritaires finalement au seins de nos propres exploitations.

    Comment est-ce que cela nous impacte de manière pragmatique au jour le jour sur nos exploitations et dans nos capacités à rester économiquement viable?

    – La situation à laquelle beaucoup d’entre nous font face et à laquelle je fais face et qui est surement aussi la plus conséquente: cette situation est liée au fait que beaucoup d’entre nous avons besoin de développer ou de restructurer nos exploitations parce que la culture a subi une chute de sa demande et donc de ses prix ce qui demande un changement de culture ou diversification.
    – On peut aussi être ammené à faire face comme c’est notre cas à des maladies sanitaires tel que la sharka sur le pêcher qui nous oblige à l’arrachage et qui nous demande donc d’ accélérer le renouvellement de nos vergers. Ces initiatives demandent du capital mais malheureusement même après des années correctes la majorité du capital lié à nos bénéfices nous est emputé du à l’excessive lourdeur d’imposition fiscale et sociale qui viennent réduire à néant ce capital dont nous tant besoin pour s’adapter et rester économiquement viable!
    – Il est malheureusement IMPOSSIBLE de le faire avec cette petite minorité restante de bénéfices, de plus nous avons une culture (le pêcher) qui demande 25 000€ hectare d’investissement avant d’avoir le premier centime de retour

    – Le bilan de cette sur-imposition se resume pour les exploitations agricoles surtout suite à une année déficitaire …à des exploitations qui se retrouvent avec des manques de trésorerie conséquents;
    – Les Années Bénéficiaires servent souvent à ratrapper les retards auprès des fournisseurs mais l’imposition lourde nous laisse peu ou rien pour reinvestir dans nos exploitations
    – Nous avons donc besoin de retenir une plus grosse partie de nos bénéfices afin de réinvestir dans nos exploitations
    – Actuellement le système fiscal et social nous vide du capital dont nous avons tant besoin pour subsister.
    – D’après moi ici est la racine du problème et la raison pour laquelle tant d’exploitations ont mis la clef sous la porte
    – Il faut demander une révision du volet social et plus spécifiquement une diminution des 43% sur les bénéfices de l’exploitant qui nous tu et tue l’agriculture…..
    – Il est IMPOSSIBLE avec ce volet social de subsister .

    IL Y A UN COMBAT A MENER / C’EST celui de l’imposition confiscatoire….PAS UN SEUL AUTRE ….SI ON LE MENE ON IRA MIEUX ….SINON L’AGRICULTEUR DEVIENDRA UNE RARETE EN FRANCE – AUSSI SIMPLE QUE ÇA

    1.5. ACTION SUGGEREE — Solution afin d’augmenter notre compétitivité et surtout viabilité économique de nos exploitations car nous ne pouvons plus continuer à être des vaches à lait ……
    La profession devrait demander à nos députers locaux qui votent pour

    – réduire à 20% les contributions sociales des exploitants sur bénéfices
    – et plafonner à 40% des bénéfices ce qu’inclue le volet fiscal et social

    En tant qu’agriculteurs nous MANQUONS DE VRAI PROFESIONELS LOBBYISTES – qui défendraient les interêts agricoles.
    On a un besoin immédiat de professionaliser nôtre representation dans la sphère politique afin d’augmenter notre influence à Paris.
    La profession devrait avoir pour objectif de developper un pôle de lobbyistes professionels qui passent 50% de leur temps à Paris auprès des députés qui votent les lois qui nous impactent et 50% sur le terrain auprès des corps d’agriculteurs à identifier les sujets stratégiques à cibler .
    A Paris ces lobbyistes seraient en liens avec les députés et s’assureraient que des lois telle que celle de 2014 ou l’on vu passer en dernière heure de séance la lois permettant l’imposition des bénéfices sur le volet sociale des associés non exploitants….. Une aberration qui passa comme une lettre à la poste sans le moindre bruit , sans le moindre débat ….. ceci est inadmissible et des lobbyistes professionels nous défendraient sur de tels sujets mais de façon beaucoup plus professionnelle, beaucoup plus ciblée avec une tout autre efficacité.

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