Municipales : acte 2 de l’agribashing ?

Jean-Paul PelrasDimanche dernier un “blogueur plumitif” s’est cru autorisé à m’attribuer une étiquette politique. Le cuistre voyant qu’il ne fallait pas jouer à ce jeu-là, se ravisa quelques heures plus tard et retourna, in petto, frayer dans les eaux basses du pronostic électoral. Au même moment, j’apprenais le décès de Graeme Allwright. Second coup bas dominical en quelque sorte, contre lequel, cette fois-ci, je ne pus rien intenter. Il venait donc de partir une bonne fois pour toutes, celui qui nous fit trinquer tant de fois “à l’amitié, l’amour la joie…”
Au programme de ces jours derniers il y eut également l’érection qui fit définitivement capoter l’élection. Et, dans la foulée, ce branlement de combat où le grivois fut remplacé au pied levé et aux olympiades lutéciennes par la ministre de la Santé. L’obligation de résultats dont beaucoup d’élus s’exonèrent une fois le maroquin empoché, étant la plupart du temps diluée dans l’histoire des grandes manœuvres qui font la raison d’État.
Nonobstant ces tribulations nationales, revenons aux municipales qui alimentent les gazouillages locaux. Ou comment, un peu comme dans la chanson de Brel, nous voyons arriver “ceux qui ne nous connaissaient pas, ceux qui ne nous connaissaient plus.” Certains se présentent en arborant quelques sourires d’albâtre et tiennent des propos qui empruntent aux parangons de vertu. Ils promettent à peu près tout ce qu’ils ne pourront jamais honorer dans une profession de foi qui n’est même plus celle du charbonnier. L’on voit alors danser, ça et là, courtisans et courtisés entre une valse de Vienne et une salsa cubaine dans le grand boustrophédon des alliances contre nature, sous le lustre à facettes des idéaux controversés. Ici comme ailleurs, les combats sont âpres, les coups sont bas et la compétition révèle tout ce que la nature humaine à de plus vil.

Il ne faut surtout pas sous-estimer cette menace
Restent les électrices et les électeurs qui sont ce que le vent est à la balle, imprévisibles au-delà des sondages, désabusés qui resteront chez eux, opiniâtres qui veulent participer au jeu. Ce jeu qui n’en est pas un, car s’il peut, avec le traditionnel effet de balancier, redistribuer les cartes dans certaines métropoles, il va, cette fois ci, conditionner le devenir de nos société rurales. Avec celles et ceux qui profiteront de ce rendez-vous républicain pour faire définitivement main basse sur nos campagnes. C’est l’acte 2 de l’agribashing, où ce qui n’aura pu être obtenu par quelques gesticulations médiatiques, le sera par les urnes.
Il ne faut surtout pas sous-estimer cette menace déjà perceptible avec la récente offensive de certains élus à propos des zones de non traitement. Une fois les impétrants dans la place, ou tout simplement à la manœuvre avec l’écharpe tricolore remplaçant officiellement la petite pancarte bricolée, le paysan n’aura plus qu’à bien se tenir de l’autre côté du pré.
Lors des précédentes élections, environ un maire sur sept était agriculteur contre un sur deux dans les années 50. Une érosion qui va encore s’accentuer car le nombre de paysans diminue, car beaucoup de contraintes administratives et professionnelles les obligent à se consacrer exclusivement à leurs exploitations. Enfin car, qu’on le veuille ou non, désormais ce sont les environnementalistes et non plus le bon sens paysan qui influencent l’opinion.

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