JA : qui en veut à l’agriculture ? [par Yann Kerveno]

Entre les conflits autour de l’eau, les projets d’extension de Natura 2000, les jeunes agriculteurs posent la question.

C’était un rendez-vous informel dans le jardin du domaine Pagnon à Torreilles. Les Jeunes Agriculteurs avaient invité leurs partenaires de toujours autour d’un casse-croûte de saison. L’occasion de revenir sur l’actualité avec Romain Deloustal, président des Jeunes Agriculteurs d’Occitanie et vigneron dans l’Hérault et Pierre Hylari, vigneron et président des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Orientales. Qu’en dire ? Que les années de Covid auxquelles a succédé la guerre en Ukraine et son corollaire d’agitations internationales et économiques ne créent pas une ambiance qui permet de fanfaronner. Loin de là. En attendant Pierre Hylari occupé à l’organisation de la journée, on rentre dans le sujet avec Romain Deloustal. “Oui, le contexte général est difficile en général et l’est d’autant plus pour nous que l’agriculture et la viticulture ont été relativement écartées des dispositifs d’aides et le sont toujours. On le voit encore aujourd’hui avec la crise de l’énergie, même si l’agriculture est pour le coup, dans la région, moins exposée. De l’autre côté, tout augmente et c’est difficile pour nous d’augmenter nos prix, donc les marges se réduisent.”

Sans même parler de la sécheresse. Si, c’est justement le sujet que veut aborder Pierre Hylari, enfin, par rebond puisqu’il veut d’abord parler de l’eau et, en creux, du manque de reconnaissance de la société. “Nous avons fait collectivement des efforts cet été pour les tours d’eau, nous avons mis en péril nos propres exploitations, en particulier sur le Tech, et cela peut avoir des répercussions sur les deux prochaines années si les mises en réserves des arbres ont été affectées sur une production qui ne marche pas trop mal dans le département…”

Et Natura 2000 ? On en parle ?

Le président des Jeunes Agriculteurs du département veut alors parler des stockages, qu’il juge indispensables. “Il y a beaucoup de désinformation sur le sujet. Regardez dans les Deux-Sèvres, ce qui se passe autour des bassines. On cherche la petite bête alors que le projet est carré et qu’il est porté par 200 agriculteurs. Ce que la société doit comprendre, c’est que ces réserves ne sont pas faites pour développer des cultures en plus, mais bien pour maintenir celles qui sont aujourd’hui en place. Pour maintenir l’agriculture ici, mais pas seulement, la question de l’eau est globale, il faudra beaucoup de projets. Pourquoi, dans ce cadre, ne pas ouvrir ces réserves à créer à d’autres usages que le seul stockage de l’eau pour l’agriculture ? Mais en attendant, si l’État perd contre France Nature Environnement et ne fait pas appel, c’est perdu pour la vallée de la Têt” plaide-t-il. Et se reproduira la situation connue cet été sur le Tech.

Et pendant qu’on y est, faisons un détour par Natura 2000, autre sujet d’énervement. “Il y a de nouveaux projets d’extension et nous risquons de voir se développer de nouvelles zones où l’agriculture sera interdite parce qu’aucun traitement n’est autorisé. Dans l’Aude, Natura 2000 c’est déjà 50 % de la surface du département, 45 % dans l’Hérault et, de l’autre côté, on continue à bétonner et artificialiser les terres ? On ne dirait pas que ce pays a perdu en 50 ans l’équivalent de la surface de la Région PACA en terres agricoles !”

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