Vigne : 2021 n’a pas fait pire que 2020 [par Yann Kerveno]
Le gel n’aura, au final, sur l’ensemble du département des P.-O., pas fait plus de dégâts aux volumes produits que la sécheresse de 2020.
Pour la deuxième année consécutive, la réalité est venue écraser les annonces. Il s’agit des chiffres officiels de la vendange 2021 en Roussillon. On se souvient qu’après le coup de gel du printemps dernier, les pronostics étaient sombres. Cette année, c’était sûr, la viticulture des Pyrénées-Orientales allait passer sous le seuil symbolique des 500 000 hectolitres. Comme cela avait été annoncé pour la récolte 2020 à cause de la sécheresse, il avait alors été annoncé 450 000 hectos seulement. Mais curieusement, pour la vendange 2021 comme pour celle de 2020, la réalité est tout autre. Pour 2021, les déclarations de récoltes (toutes appellations confondues) atteignent, en dépit du gel, 538 000 hectolitres, soit 3 000 hectos de plus que l’an dernier… Quand on regarde les chiffes dans le détail, on observe que les pertes les plus significatives sont enregistrées sur les Banyuls et Banyuls Grands Crus qui lâchent 4 000 hectolitres (- 30 %, à cause de la coulure en particulier), les Côtes du Roussillon Village Tautavel (- 2 000 hl environ, -18 %). Au total, les vins doux naturels ont progressé de 12 % par rapport à 2021 à 94 282 hectolitres, les Côtes du Roussillon sont stables à 115 000 hl, les “Villages” également à 67 334 hl, les Collioure progressent de 11 % à 14 278 hl. L’ensemble des AOC vins secs progresse de 2 % par rapport à 2020. Les IGP enregistrent un léger repli (- 5 %). Si l’année de référence, en l’occurrence 2020 était une très mauvaise année pour la viticulture du département et sans écarter les situations individuelles parfois difficiles créées par le gel de l’an dernier, on est loin de la déroute largement prophétisée, pour la deuxième année consécutive. Ne faut-il pas craindre, à l’instar du jeune berger de la fable d’Ésope, que les alertes de la profession soient moins écoutées dans le futur ?