Une copie bas carbone pour l’agriculture ?
The Shift Project dévoile ses pistes pour réduire les émissions de carbone de l’agriculture.
Jusqu’ici essentiellement consacré au domaine de l’énergie, le think tank The Shift Project de Jean-Marc Jancovici a mis le nez dans les questions agricoles. En menant une grande consultation auprès des agriculteurs (notre édition du 19 décembre dernier) mais aussi en planchant sur différents scénarios propres à amener l’agriculture à la neutralité carbone. Si l’exercice n’est pas exhaustif, plusieurs dimensions n’ont pas été prises en compte (santé humaine, la microéconomie des fermes, le bien-être animal et les réflexions territoriales), il précise quelques pistes. L’enjeu, c’est d’abattre 48 millions de tonnes d’équivalent CO2 (en émission directe) d’ici 2050 pour le secteur agricole.
On passera sur les trois premiers scénarios testés qui combinaient réduction des émissions avec l’autonomie alimentaire, une meilleure indépendance énergétique ou encore une contribution à la sécurité alimentaire mondiale. Dans un quatrième scénario, le rapport propose une synthèse des trois premiers. En reprenant pour objectif la réduction des émissions indirectes et l’effacement des émissions directes par du stockage de carbone, la sortie des énergies fossiles et l’autosuffisance énergétique tout en « contribuant à la résilience de la société, décarbonation extra-sectorielle, préservation de la biodiversité et de la ressource en eau ».
Légumineuses…
Dans ce scénario de synthèse, les pistes majeures sont celles du développement des surfaces de cultures de légumineuses et une évolution majeure de l’élevage combinant diminution des effectifs et extensification. Moins 20 % pour les ovins et les monogastriques, moins 25 % pour les bovins viande et moins 30 % pour les bovins lait. Selon les auteurs, ce scénario permet de faire reculer les émissions de GES, de couvrir les besoins alimentaires domestiques, tout en conservant une capacité d’export sur les céréales.
Les auteurs reconnaissent ensuite que si les agriculteurs sont prêts à s’adapter, dans leur très grande majorité, ils ne peuvent « supporter à eux seuls la triple responsabilité des conséquences de choix politiques passés, de l’adaptation de leurs pratiques au changement climatique et de la prise de risque financière associée, sans leur garantir un niveau de revenu suffisant et les protéger de la concurrence internationale. »
Yann Kerveno