Un p’tit air de tendresse [par Karo et Didoo]

Lors d’une répétition de chorale, cette chanson nous a fait tellement de bien à l’esprit et au cœur, il y avait tant d’humanité que nous avons eu besoin de la partager avec vous ! Vous en serez d’autant plus éblouis quand nous vous dirons quel artiste la chantait, car c’est un personnage touchant, drôle, dont la bonté semble démesurée.
Eh oui, il s’agit de Bourvil : allons voir un peu ses différentes facettes.

Il est né André Raimbourg en 1917, de parents agriculteurs normands, élevé par sa mère et son beau-père dans le village natal maternel “Bourville”, son père étant décédé lors de la Première Guerre mondiale. Il sera un très bon élève et entamera des études d’instituteur, puis reviendra à la ferme. Mais, très tôt, il a une admiration pour un acteur comique, “Fernandel” et s’essaiera lors des fêtes familiales et des kermesses à imiter son mentor. Il faut ajouter qu’en plus de chanter, il joue de l’harmonica, de l’accordéon et du cornet à piston.

Il s’engagera dans l’armée et sera cornettiste dans la fanfare puis, démobilisé, il exercera plusieurs métiers tout en continuant sa carrière musicale à Paris (cabarets, radio-crochets, music-hall…). Il deviendra le personnage du “comique paysan” naïf en rabattant sa frange sur le front et en s’affublant d’un pantalon noir et d’une veste étriquée et se fera appeler “Bourvil”.

Une adolescente connue lors de ses 17 ans deviendra sa femme en 1943, avec laquelle il aura deux fils.
Ce comique-paysan, dérivé du “comique-troupier” lui permettra de poursuivre sa carrière musicale et de débuter au cinéma dans “La Ferme du pendu”. En 1956, “La traversée de Paris”, “Le magot de Josefa” et tous les films avec son acolyte Louis de Funès lui donneront la possibilité de montrer tout son talent, sans oublier de citer aussi “Un drôle de paroissien”, “Le miroir à deux faces” avec Michèle Morgan, “Le cercle rouge”, “Les misérables” où ce comique prend des allures de manipulateur, d’harceleur, d’ignoble… Et “Le mur de l’atlantique” qui signera son dernier film en 1970, année de son décès à seulement 53 ans.

C’est pas de l’amour…

Ce talent multiple d’acteur a aussi été une caractéristique de sa carrière de chanteur puisqu’il a su nous faire passer du rire aux larmes. L’amour en chanson a été décrit sous toutes les coutures, mais le “moderne” fait figure de platitude et les paroliers actuels manquent quelquefois de génie, comme l’été manque d’eau. Voilà pourquoi ces rimes entendues lors de la chorale nous ont heurtés avec force tant elles expriment la douceur et la sagesse.

Goldman, dans “C’est pas de l’amour”, explore toute la beauté de ces sentiments qui ne sont pas tout à fait de l’amour, Bourvil nous promène dans l’exploration de ce “joli sentiment” qu’est “la tendresse”. Il met en perspective ce qui ne rend pas heureux : l’argent, la gloire, le statut social, être connu et reconnu, la futilité des prétentions humaines qui ne sont rien sans “cette douce faiblesse, ce besoin de tendresse”. Dans un second temps du texte, il soutient aussi que les moments difficiles, inaction, voire chômage, la longueur du temps dans le feu de la jeunesse, la vie impitoyable qui nous brise restent moins durs avec “la tendresse d’un cœur qui nous soutient”. Il finit avec ce qui fait pleuvoir l’amour au fond de nos cœurs et qui n’est autre que le bonheur que procurent les enfants. 
Écoutez et réécoutez, entendez ces paroles et rappelez-vous de l’essentiel : la tendresse.

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