Sécurité routière et protection de la planète, mon œil ! [par Lilane Doger-Ledieu]
Vous faites comment, vous, pour aller en ville quand vous habitez à 15 kilomètres ou plus ? Vous prenez le bus qui vous déposera 3 heures avant votre rendez-vous ? Non, vous prenez votre voiture. Moi aussi. Comme j’avais un peu d’avance je voulais en profiter pour glisser un dossier dans la boîte à lettres de l’agence G.
Pour stationner, j’ai deux possibilités. Royal ! M’engouffrer dans ce parking souterrain, ce qui me fera perdre trente minutes au bas mot, ou trouver une place sur cette zone bleue, aubaine très improbable. Bingo ! Une place se libère, je m’y range. Mais qu’est-ce que j’ai fichu de ce disque bleu ? Boîte à gants, portière, rien… Bon, j’en ai pour 5 minutes, 10 mètres, tourner au coin de la rue et mettre l’enveloppe dans la boîte. Fissa ! Retour au pas de course et…Je l’aperçois le petit papillon vert, coincé sous l’essuie-glace. Mais bon sang, où était-il planqué le pandore ? “AVIS DE CONTRAVENTION, INFORMATION. Vous allez prochainement recevoir par courrier”, etc. Et, une écriture enfantine au stylo noir baveur dans la case “Motif”, “stationnement trottoir”.
Alors là, pas d’accord ! Et pour la bonne raison qu’un défaut de disque correspond à une amende de deuxième classe (35 €) alors qu’un stationnement sur trottoir peut être catalogué comme “dangereux” donc faisant partie de la quatrième classe (135 €). Sans autre précision sur l’avis, il n’y a plus qu’à attendre le fameux courrier. Je subodore déjà des échanges et des prises de tête à n’en plus finir suite à ma probable contestation…
Mesdames, Messieurs les citoyens automobilistes irresponsables, vous devez comprendre qu’utiliser votre véhicule nuit gravement à la planète. “On” met donc tous les moyens en œuvre pour vous en dissuader. Hypocrisie, puisqu’en réalité les citadins, évidemment, ne s’embêtent pas avec leur voiture dans des rues et des parkings où le stationnement est devenu payant. La quasi-totalité de ces parcages est occupée, bien entendu, par des automobilistes qui n’avaient pas vraiment d’autre solution que de prendre leur voiture.
Et sans vergogne…
Par contre, ces mêmes urbains sont bien concernés, lorsqu’ils font une escapade en week-end, par les radars en tous genres. Fixes, mobiles, tronçon et, le dernier né, le radar embarqué, le plus fourbe parce que jamais signalé et installé le plus souvent dans des véhicules banalisés.
Moi, celui que je préfère, c’est le tout joli que je croise deux, trois fois par semaine, hors agglomération, belle ligne droite, parfaite visibilité, vitesse limitée à 70 km/h. Celui-là, il m’a déjà “photographiée” trois fois. On a beau le savoir, dans un endroit où l’on passe régulièrement, un jour ou l’autre, on se fait avoir.
Puisqu’on vous dit que c’est pour votre sécurité ! (Décidément, dans tous les domaines, ils ne nous veulent que du bien). Ce n’est pourtant pas ce qui saute aux yeux quand on sait que la majeure partie du montant des amendes pour excès de vitesse est dû à des dépassements d’un ou deux kilomètres/heure. Et même en tenant compte de la marge d’erreur, ça ne représente pas un danger réel. Par contre, vous pouvez franchir une ligne continue en sommet de côte, dépasser sans visibilité, rouler sans éclairage hors agglo sous une pluie battante ou par temps de brouillard, effectuer un dépassement par la droite sur l’autoroute, ne pas tenir compte des distances de sécurité. Là, aucun danger ! Pour votre sécurité, les radars ont fait engranger à l’État 809 millions d’euros de recettes pour l’année 2021.
“Si l’écart entre le prévisionnel et le réalisé est de moins 9 % pour les amendes hors radars, le produit des amendes forfaitaires radars non majorées est très en deçà des prévisions de recettes, l’écart atteignant moins 19 %” dixit la Cour des Comptes. Et de continuer : “La transformation des organisations et modes de travail sont susceptibles d’affecter le volume du trafic routier durablement et, indirectement, le montant des recettes attendues”. C’est pas beau ça ? Et sans vergogne aucune les mêmes continuent à nous dire que nous sommes responsables du réchauffement climatique, qu’il ne faut emprunter que les transports en commun, s’acheter des bonnes chaussures ou un vélo, ou alors, le top du top, un véhicule électrique (sur lequel il y aurait beaucoup trop long à dire ici).
En attendant, que vont-ils bien pouvoir trouver pour remédier à ce manque à gagner ? Allez, moi je leur fais confiance, ils ne manquent pas d’imagination !